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Objets !!!

 

 « Inanimés », qu’ils disaient. « Avez-vous donc une âme », qu’ils demandaient.  Toute vie n’est qu’une quête de sens. J’aurai passé une partie non négligeable de la mienne à tenter de comprendre la sourde mais tangible hostilité des objets.

 Mystère insondable.

Je sais que je ne suis pas le premier bipède à déplorer cela. Qui n’a pas retrouvé ses clés dans le fridge, ses gants sous l’évier, une écharpe sous un siège de voiture, son portable n’importe où ? 

Mais tout de même.

Prenons si vous le voulez bien quelques exemples cueillis ici et là dans le cours tumultueux d’une vie qui ne le fut pas moins : la mienne.

Le grand malade qui a inventé le Tupperware, on ne l’a jamais enfermé, à mon immense perplexité. Peut-être même qu’il est riche, et là, je vacille. Parce qu’entre nous, son objectif inavoué se résumait à un grand jeu : « Cherchez Le Couvercle ».  L’idoine, l’adéquat, le parfait calé sur le haut, qui fait un « pschitt » aussi discret que raffiné quand on a mis le reste de soupe dedans et qu’on s’apprête à entreposer d’un front limpide ce velouté qui ne perdra rien de sa merveilleuse texture, niché dans son cocon de plastique hermétique. Amen.

Ben non.

Parce qu’on a le choix entre un couvercle :

  1. Trop petit
  2. Trop grand
  3. Trop ancien (Cui-là c’est celui du acheté en 72, pour le pique- nique chez la tata Zette, meurde)

Je ne continue pas, tout le monde a compris et j’ai mal.

Les chaussettes.

Grand classique, on met la paire à laver, on en retrouve qu’une. Comment elle a fait, l’autre, pour s’échapper du tambour ? C’est petit.

Comme l’on est rationnelle, l’on a une boîte. Y gisent dans un silence hurlant les survivantes des couples. Qui ne retrouvent jamais, mais alors là, jamais, leur conjoint(e). Jusque-là, rien de bien foufou, ça arrive. Mais il y a une variante, peu évoquée. Et osons le mot : SADIQUE.

Soit une chaussette seule, enfermée depuis des mois dans son QHS.

Mettant fin à un temps inhumain de claustration, le/ la propriétaire opère une transhumance : la mignonne se retrouve dans un lieu ouvert —  un carton, en clair — en langue vernaculaire dit « à chiffons ».

Un jour, on prend la chaussette, on met délicatement sa main dedans, et on l’inonde d’un produit qui pue pour faire les cuivres. Quelques vives minutes plus tard, le cuivre brille, scintille, rutile, irradie.

La chaussette, beaucoup moins.

Trois jours après, on retrouve… l’autre chaussette, fraiche comme une brume de printemps.  On a beau lui agiter l’alter ego rendu à l’état de crotte de nez en plus grand, hurler « Mais regarde- la ‼  Une serpillère ‼ » Sa conscience ne frémit pas. Elle s’en fout que c’est un bonheur. Alors elle part vite fait à l’orphelinat, où voulez-vous qu’elle aille ? Tôt ou tard, elle fera les cuivres aussi. Seule.

Dernier exemple douloureux : le bonnet de bain.

Obligatoire si l’on piscine, rangé toujours dans le même tiroir, comme ça pas de lézard. 

Eeeh si. Parce qu’entre deux il se carapate.  À force d’en racheter, je dois en avoir à peu près vingt-trois. Dont pas un n’est disponible quand j’en ai besoin, soit deux fois par semaine. On ne peut pas compter sur le bonnet de bain. Le bonnet de bain n’est pas fiable, il est sournois, imprévisible, haïssable et sans humour. Et sur les têtes des manmans de l’aquagym, (je m’inclus dans les susdites) laissant passer trois cheveux follets tristounes, aléatoires et de surcroit mouillés, on sent chez lui une joie mauvaise.  Il joue au cache-théière, et il est content.

J’exige l’éradication du bonnet de bain. Mais qui m’entendra, dans ce douloureux désert ?

Un Tupperware ?

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Y
Les tupperwares sont hermétiques à toute compassion.
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J
Oui, Yves. Ils n'ont pas de coeur, à part celui des salades qu'on y incarcère. Misère.
M
Je pense que nous avons tous des misères de ce type, mais celles des autres nous font toujours rire davantage. Merci pour cette gaité et ce rire :-)<br /> Perso, c'est tous les trucs ficelles, cordes, câbles... qui m'en font des misères : soit je me prends les pieds dedans, soit ils m'énervent quand je les enroule (je fais des noeuds...), soit ils m'énervent quand je les déroule (y'a des noeuds...)
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B
C'est malin! je me suis pissé dessus de rire! Et c'est drôle car suite à un fil électrique d'aspirateur qui n'arrêtait pas de s'accrocher à toutes les aspérités , j'ai failli (puis oublié) mettre sur FB une interjection qui lui était destiné: "OBJETS INANIMÉS ! VOUS ME FAITES CHIER !"
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J
Je suis heureuse que tu aies pu te contenir, Bruno. Mais bienvenue, ô frère. les fils d'aspirateurs me haïssent. ;-)
C
Bonjour Joëlle, comme je vous comprends ! Échardes du quotidien... Les miennes sont au jardin, où j'accuse mes outils, que j'ai divers et nombreux, de carapatisme. Ils ont beau s'en défendre. Pourquoi faut-il souvent qu'ils ne soient pas où ils devraient ? Dans un buisson, sous un coude de la haie, dissimulés dans l'ombre du profond garage que je prétends rangé ou contre un mur encombré de la véranda... Ils se défendent manche et dents, et lame : "Mais non, c'est toi qui pars et nous oublies ! " Ils ont un peu raison, j'avoue... Pour ne pas aggraver les querelles je pallie, je pallie, client fidèle de la jardinerie proche, et me retrouve au fil du temps avec plusieurs griffes, sécateurs, binettes, bêches, râteaux... Soulagé d'en avoir (presque) toujours à portée de main. Un peu confus aussi qu'aucun, aucune ne soit plus mon unique et indispensable... Troublante interchangeabilité ! Une de mes houes m'a glissé l'autre jour, d'un éclat surpris derrière le cotonéaster : "Alors je ne te suffis plus... T'en faut-il vraiment d'autres ? Drôle de sultan des mottes, va !" Je n'ai su que répondre ; seulement la sortir de là et faire un peu sourire sa denture. Qui a pu soutenir qu'un objet n'est qu'inerte ?
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J
Mais oui, qui ? Comme nous nous ressemblons, vous et moi; Et cette houe campant dans ses reproches...Grand sourire.
C
C'est encore moi ... Je me permets une autre petite citation de la même provenance :<br /> <br /> CHÉPUKOUJLÉMI : Objet tellement bien rangé qu'on ne le trouve plus ... <br /> <br /> <br /> n., m., à ne pas confondre avec le chépakoujlémi désignant un objet si mal rangé que l'on ne peut pas le retrouver. Dans les deux cas, l'objet est introuvable.<br /> <br /> D'ailleurs, si on met chépa et chépu dans un bateau, et que chépa tombe à l'eau, qu'est ce qui reste ? Chépu ! Et si c'est chépu qui tombe à l'eau, qu'est ce qui reste ? Chépa !<br /> <br /> La différence est le chépukoujlémi a été soigneusement pris en compte pour son rangement, et le chépakoujlémi a été totalement négligé !<br /> <br /> Les humeurs de deline
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C
Je ne peux pas résister (d'ailleurs serait-ce bien raisonnable ?) de copier/coller une définition extraite de feu notre bien-aimé DicoWizzz :<br /> <br /> NOTREPAIRE®<br /> Système très ingénieux permettant d'empêcher les chaussettes de se dépareiller dans le lave-linge :<br /> <br /> Des Laboratoires Konfay-Cional &Co. Evite la séparation des chaussettes unies par les liens sacrés du lavage et leur procure une délicieuse odeur de sainteté. Chaque dose de Notrepaire® assure pour trois lavées, deux pas ternes et cinq paires pliées pour nous.<br /> Ryko
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J
Oooh, mais que de souvenirs souriants dans ce com aussi gouleyant que bienvenu. Deline, Ryko, le dico... Voilà, ça c'est de la Madeleine. merci Cachou.