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Vogue vague

Vogue vague

 

J’avance sans savoir, comme on vogue. Il bruine doux sur ma vacuité, et j’imagine qu’il pourrait suffire d’élever une main pour que le monde fasse silence, sans même un murmure de rivière, une brise feuillue, un pépiement. Mais il resterait les vivants, leur respiration ensemble, cette chorale sifflante soudée par la peur et le besoin de faire savoir. Si la terre n’oppose plus d’écho, à qui pourrions-nous dire « nous sommes là » ?

Une maison longée et voilà que l’averse habille une fenêtre en robe de gouttes. Le parapluie rougeoie mon ciel ; il est pourpre, la pluie le métallise en chute serrée que son arc déployé empêche de m’atteindre. Dans le fossé un escargot dépose des traces diamantées sur un chemin tortueux comme l’intérieur d’une noix. Plus haut, une toile écartelée :  l’eau si dure au tissu  caresse à peine,  décore gratis pro deo la toile. Ces perles inestimables ne dureront pas.
 

Le fil d’araignée d’une vie compte des détours compliqués, et trop de proies.

Ou pas assez.

Ces pierres de lune sur la toile sont autant de clés des merveilles, abords  minuscules d’un monde hors les mailles.

À portée d’inaccessible.

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A
Comme le temps te mélancolise, Joëlle, je viens de lire ton doux et beau poème à ma Solaire, et voici qu'un rayon de l'astre du jour perce les nuages pluvieux. Tendresse de nous deux à toi. Ici, il ne bruine jamais assez. Et les araignées sont des proies au moins autant qu'elles en ont. Bises.
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J
Mélancolie joyeuse, alors, le bruit de la pluie peut l'être... Je retourne la terre humide et les odeurs d'eau, le plouf d'un ragondin, l'araignée et la tendresse, surtout elle. Merci Alain.
C
"... trop de proies.<br /> Ou pas assez. "<br /> Proies que nous sommes nous-mêmes de ce ravissement absolu engendré par la puissance gouttelettée de l'infime ; qui prenons aussi sur nous le fait de l'être, et qui le rendons, à raison si c'est par tendresse, ce début ou cet attribut de l'amour.<br /> Merci Joëlle
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J
Merci Clément, de ce regard aigu, celui de l’œil du cœur, ouvert en grand, comme un écho, et si complice.