C'est une usure
Et l'ironie est là. Vieillir est un ratage inévitable, mais il se prépare.
Dans l'élégance, si possible.
Ce mal qui peu à peu s'estompe, puisque le temps est le plus accompli des nettoyeurs.
Mais certaines blessures à jamais enracinées se survivront quand même, en ombres têtues. La douleur, c'est cabochard, ça ne lâche pas son os comme ça.
Me reste de vous des griffures profondes, de celles qui dévisagent l'âme à tout jamais, la rendent hideuse, destructible, et plus jamais lisse, plus jamais.
Il n'y a plus en moi que cette grimace qui entaille sans saigner, marque sans se voir, et se voit pourtant, dans l'incapacité qui est désormais la mienne à se poser, regarder le monde, et ne plus souffrir.
Elle est là, bien cachée au creux de mes sourires.
Je rends la mort
orange, attirante et végétale.
Ronger, prendre en douceur un peu de la substance intiale, choisir.
Ne rien rendre.
Ce qui est pris, est pris.
Je suis cette rouille qui danse aux coques des bateaux, aux clous abandonnés, aux grilles mangées de lierre, à l'amour des humains.
Parfois, je m'amuse.
Je détruis en souriant.
Je joue.
Je rends la mort orange, attirante et végétale
Le rouge passionné comme un baiser qui mord.