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Carnet des lointains ailleurs -3-

Carnet des lointains ailleurs -3-

Ce pourrait être une fable : la lanterne et le coffre-fort...

Celui-ci, lisse et imbu de sa modernité avec sa poignée métallique, paraît narguer la pierre. 

La pierre s'en fout : lanterne droite dans son absence de botte, coiffée d'usure noble et de correction centenaire, elle est debout quand l'objet-manant, nimbé d'un utilitarisme sans mystère, n'a à offrir à mon objectif que son triste guingois.

Mépris.  

C'est la pierre qui gagne.

Carnet des lointains ailleurs -3-
Carnet des lointains ailleurs -3-
Carnet des lointains ailleurs -3-

Pourtant, la déité n'est pas toujours sévère, loin s'en faut. 

Celui-ci, tête de citrouille et mains jointes sur sa rondeur, ne peut être que tutélaire, bienveillant, gourmand peut-être. Je n'ai pas cherché qui il était, délaissant le guide pour lâcher celles de mon imagination. 

J'ai retourné à ce charmant, pas plus haut que mes genoux, un sourire jumeau, tout en me baissant pour le photographier. À un dieu aussi doux d'allure et de regard, à cette lune rieuse posée sur deux épaules d'enfant, on ne fait pas l'injure de fixer de toute sa hauteur.

C'est lui qui m'a immobilisée, ce jour là.  

Carnet des lointains ailleurs -3-

Autour de ces piliers, des bambous froissent le vent et de leur tige souple peignent sur la couleur une ombre dense et mobile, un mouvement perpétuel.

Il suffit de regarder et le pilier brûle. 

Froid sous la paume, il brûle. 

Autour le vent se fait plus violent, les bambous s'encolèrent, et ce feu étrange, sans flamme aucune, dupe l'œil en dévorant l'orange.

Ce jour là, j'ai vu un feu d'ombres. 

 

 

Carnet des lointains ailleurs -3-

Trois immobilités ne perdent rien du jongleur , le lutin ailé des carnets 1. 

À eux tous, ils ont bien moins de la moitié de mon âge. 

Trois petits dos concentrés, ramassés dans leur observation. Les mômes, ça regarde avec tout : les yeux, la langue, les dents, les bras, les jambes, les pieds. 

A côté d'eux, les parents patients et frigorifiés essaient de ne pas craquer. 

Eux vont bien merci, sont dans la musique, les balles, l'histoire racontée. L'émerveillement, leur basique à eux. 

D'ailleurs, c'est quoi, l'hiver ? 

Plus tard, à Kamakura, le même sentiment de voir des gens dans l'enfance, des gens dans leur rêve,

Sur la mer, pas d'oiseaux marins. Ces points noirs hérissant l'eau sont des surfers; Il fait trois degrés, il y a peu de vagues, mais ils surfent, puisqu'ils aiment ça. 

Oui, c'est quoi, l'hiver ? 

Carnet des lointains ailleurs -3-

Même plage. Scène banale, les notes pointues de la maman, qui chante sûrement un "viens on rentre " à sa descendance, qui obéit sans conviction. Il lui renvoie un "déjà", ou "encore un peu". Mon japonais est restreint, mais les intonations sont universelles. 

Soudain, la pancarte attire mon attention. 

Chez nous, les écriteaux disent "interdit aux chiens " et autres "baignade non surveillée..."

Là-bas, ils racontent autre chose. 

Soudain, mon cœur se serre. 

Carnet des lointains ailleurs -3-

Rapaces, vos vie ne tiennent que sur un fil. 

Mais vous n'êtes pas les seuls. 

Et dans les deux mondes, ma tendresse va à celui qui ne fait pas ce que les autres font. 

A l'encontre. C'est là le mieux. 

Carnet des lointains ailleurs -3-
Carnet des lointains ailleurs -3-

Seul le noir et blanc pouvait cerner l'élégance de l'instant. Dame Bergeronnette, la flaque, le trottoir luisant. 

À son échelle, cette vaste étendue contient son propre océan. 

Autour la ville ronronne et pourtant, son chant à elle, discret, est net comme sa démarche pointillée, son plumage sobre. 

A la tienne, joli détail. Ton cocktail d'eau de pluie t'attend. 

Le premier encadré est tiré du recueil de poésies "Allant vers et autres escales" de Colette DAVILES-ESTINÈS Éditions de L'aigrette.

Le second du recueil "Toute affaire cessante" de Carole DAILLY. Éditions Surgir

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B
Diable! Il n'y a pas que le diable qui se cache dans les détails, il y a l'œil aiguisé et les mots d'amour de Joëlle Pétillot.
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S
Rêver le feu là où il n'y en a pas, un océan là où il n'y en a pas... C'est l'effet Japon.
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P
L'enfance... Elle est bien là, agenouillée à regarder le jongleur ou jouant sur la plage, et dans les traits tendres (d'autant plus balèze qu'on parle d'une pierre !) du petit dieu-sourire.<br /> Et dans ton regard surtout, qui capte et qui s'étonne comme celui de ceux qui savent encore voir, et prennent le temps de le faire.
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J
Merci ma Pata . Que dire d'autre ?
M
Dix, cent, mille... détails, pour dire ce pays. Regardons-les tous attentivement, ils sont si importants !
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B
j'aimerais t'offrir le tour du monde pour que tu continues de le penser pour moi,le tiens me convient tout à fait,j'aime me laisser guider de cette façon.
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N
Une merveille !!!!!!!!!!!!!
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S
L'oiseau, la flaque, à l'évidence deux agencements voisins de la même matière.
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B
merci pour ce voyage poétique dans un pays qui me fascine depuis longtemps
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J
Merci à vous d'être venue. Bienvenue Michèle.
E
J'ai chaussé mes lunettes très vite. Pas question de passer une ligne dans le flou. Moi qui regarde toujours ailleurs je n'aurais pas vu ainsi.
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L
Tes clichés montrent plusieurs facettes de ce pays, modernité ou traditions, souvent ancestrales, urbanismes ou jardins, ... , mais ce qui me frappe soudain c'est cette sorte de continuité qui émane de tout cela, par delà les époques.<br /> Et tu as bien raison, on devrait tous adorer ce "petit" dieu, je suis sûre qu'il rendrait notre humanité bien plus belle !
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N
J'aime tant que tu délaisses le guide pour lâcher celles de ton imagination ! Et ce feu d'ombre et ce tsunami qu'on n'imagine pas, sur une plage aussi "commune". Mais hélas... Tu as bien fait de rester étrangère, aussi es-tu restée un peu divine aussi, tes paroles le prouvent qui parlent d'autre chose, d'ailleurs, de ce qui appelle.Oui, tu es "humanisante" comme le dit Carole, et pourtant, tu essaies de nommer l'énigme, d'envisager (au sens propre) ce qui n'a pas de visage, de donner visage à nos questions. En ce sens, tu es "divinisante"...
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C
J'ai posé la tête sur l'oreiller et je t'ai suivie, c'était une balade. J'aime ta capacité à la rencontre. A l'écoute du détail qui, quand tu le regardes, s'ouvre comme les pétales d'une fleur sous l'impulsion de la lumière. Tu arrives à mettre de l'écriture dans le concret. Tu es HUMANISANTE :)
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C
J'aime infiniment tes reportages poétiques, ton regard sur les gens et sur la beauté. Pari tenu, tu nous fais rêver. Et ce n'est pas juste parce que tu me cites, hein, bien que je sois très touchée par ces délicates dédicaces à l'envers que tu nous offres.
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