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Carnet des lointains ailleurs

Carnet des lointains ailleurs
Carnet des lointains ailleurs
Carnet des lointains ailleurs

La nature se doit d'être domptée. L'arbre encagé s'élance quand même, et les bambous qui le chapeautent visent loin, haut. 
L'arbre enfermé - mais l'est-il vraiment ? - regarde droit le ciel que la cime cherche à crever. J'aimerais pour beaucoup d'humains dont les yeux ne cernent que des barreaux, une cage d'air comme celle-ci.

 

Carnet des lointains ailleurs
Carnet des lointains ailleurs

Les balles sont plus légères que lui, mais à peine. Des emmitouflés, adultes et enfants dont les traits se vrillent au feu du froid, le regardent, et ses balles, ses mains, ses pieds, son corps volent aussi.
Il m'évoque les ombres dansantes des bambous, ce mouvement incessant que le vent calligraphie sur les pierres dans certain sanctuaire perdu dans la montagne, non loin de Kyoto. <br>
Je ne sais ce qu'on admire le plus chez ce fétu qui sourit, à qui il semble dérisoire de jongler avec sept balles, en débardeur, par six degrés. Mais les gosses ne s'y trompent pas, qui le regardent comme un grand frère.
Ils sont de la même essence, vivants et heureux de l'être. L'enfance, quand on jongle comme il le fait, n'est jamais loin.

Carnet des lointains ailleurs

Je pense aux indiens Navajos. Oui, au Japon, je pense à eux, dont l'idée du bonheur absolu est de "marcher dans la beauté". 
La jeune femme, sa nuque habillée de rouge  et comme tatouée par l'ombre de son bijou, son dos barré d'un jaune aussi doré que la lumière, restera quelques instants au coeur de l'insoupçonné, ce moment d'immobilité dont elle m'a fait grâce, de toute la sienne. 

 

Carnet des lointains ailleurs

Kamakura. Un Bouddha de onze mètres domine d'une bienveillance surdimensionnée les nombreux visiteurs. Comme toujours le djean côtoie le kimono, comme toujours aussi la dévotion ne s'alourdit pas de gravité. Les prières sont brèves, on sourit beaucoup, même dans le recueillement. Les deux adolescentes ont passé un temps bien plus long à se selfiser, perche en main, qu'à contempler le géant de bronze.  Je doute qu'il  leur en tienne rigueur; ces jolies fleurs ont des éclats de rires bref, des voix d'attendrissants chatons. 

Un Bouddha rancunier, ce serait un comble. 

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B
Je me retrouve un peu dans chaque commentaire. Juste un mot pour l'arbre "en cage" "Land art" tant l'installation y resemble . Voilà j'ai fais ton voyage à l'envers ayant gardé tous tes articles en mémoire. merci pour la substantifique moelle que tu nous a cuisinée.
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M
Oui, il y a tant de beautés là-bas, que tu sais voir et raconter, pour le partage, pour le plus grand plaisir que tu as de nous le montrer et pour le plus grand plaisir que nous avons à te lire et regarder.<br /> La beauté est partout, tout près et très loin, à qui sait la voir.<br /> Là-bas, au Japon, je n'irai pas. Non que la culture et le pays me rebutent - ils m'interpellent néanmoins - , mais juste que c'est trop loin pour moi qui ne prends pas l'avion. Alors merci Joëlle pour ces magnifiques reportages saisonniers.
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N
Quelle beauté en effet quoi de mieux que de marcher dans la beauté , la laideur nous cerne tant ! mais ici quel paradis ! merci.
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P
Contrastes... C'est ce que le Japon m'a toujours évoqué, entre traditionalisme et hyper modernité et délicatesse et frénésie.<br /> Tes images m'en offrent un aperçu plus intime, zoom sur son humanité emmitouflée ^^<br /> Merci pour ce voyage !
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C
Un magnifique mini-reportage tout en fleurounettes. Joëlle, vous nous dépaysâtes grave.
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S
La beauté ne danse pas que dans les détails mais dans ce pays étrange elle est tapie dans le moindre de ceux-ci ,ce qui en fait le charme singulier ; quant aux pépettes à "selfie " elles rappellent au Bouddah claivoyant qu'un rat vivant vaut mieux qu'un lion mort.<br /> PS: J'affectionne beaucoup les rates mutines surtout joyeusement débridées.
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J
Et si les rates sont mutinées, c'est encore meilleur.
E
Oh, l'esthétique du pâle! Ce dois être dépaysant à souhait. <br /> <br /> Intrigué par une pivoine arbustive en fleur(?).<br /> Charmé par tous les articles.<br /> Eric
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J
Merci, Eric c. C'est effectivement une pivoine arbustive. Pleine fleur en janvier ! D'autres avaient des couleurs bien plus flamboyantes.
R
Joli reportage , le Japon est un pays où j'aurais aimer vivre !
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L
Je crois que je vais me répéter mais qu'importe ! Quel étrange pays .... Je suis toujours partagée entre l'admiration et l'inquiétude qui peut naître de la perte des repères. Chaque photo renvoie à tant de beautés et à tant d'étonnements ! Comme celle, en particulier, de ce jeune homme en blanc -que j'avais d'ailleurs pris pour une jeune femme- devant ce bâtiment d'épures virginales : magnifique et (un peu) déstabilisant !!!!!
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J
Joie de vous voir ici, dame Cachou. J'espère bien qu'il te parviendra une autre image, et vite ;-)
N
Coucou Joëlle, la rougeur m'est venue aux joues quand j'ai compris que c'était de mon livre que tu parlais... Parce que ce geste que tu as fait de l'emmener jusqu'au Japon, il était juste et c'est un vrai cadeau que tu m'as fait. Aussi, ai-je lu et vu tes textes et tes photos sur le Japon avec un regard "baronnien", comme si tout cela était vécu non loin... Regarder le monde comme quelque familiarité venue de Sirius... Et j'ai adoré ces nuques pures (quoi de plus infini qu'une nuque de femme?), ces fleurs, ces arbres, ces temples exotiques, c'est-à-dire très proches. L'exotique, au fond,c 'est du familier vu sous un autre angle, et le familier, de l'étrange habituel... Ton visage, comme celui de Domi, a quelque chose d'asiatique, tu devais sembler étrangement familière à toutes ces Japonaises. Grande amitié à toi !
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