Les marches volent vers la colline.
En haut un temple immémorial oppose son immobilité à la mouvance des hommes.
La vague monte et descend dans un glacis de sons et de couleurs mêlées.
Le petit sanctuaire, au bout de la montée, n'est qu'une étape.
Elle passée, il faut pousser plus haut l'attente, plus haut les muscles, plus haut le corps.
Et baisser la voix.
Toutes les hauteurs ne se ressemblent pas.
Mais dedans, le même appel, la même folie.
Hauteur égale ... puissance ? Immortalité ? Provocation envers ces dieux pourtant accessibles, ici,
et, tout bien considéré, Bouddhisme ou Shinto, assez peu tutélaires ?
Ces altitudes de verre impressionnent. Elles n'écrasent pas.
Pourtant, quand le sol vibre sous les pas...
Le jongleur, toujours.
Tout bouge autour, comme si son espace dansait avec lui.
Mais pas elle.
Cette petite rondeur bien plantée dans ses bottes chaudes, les bras ballants et la bouche entr'ouverte, ne me verra pas.
Elle ne voit que lui.
Elle est ailleurs, en haut.
Tout en haut d'elle-même.
J'aime les passages.
Celui-ci n'en est pas tout-à-fait un.
Il y a la lumière étroite qui force la pénombre.
Les silhouettes mouvantes : des êtres éphémères
se hâtant dans un coeur de ville
qu'ils traversent comme des danseurs quand peut-être
ce coeur les broient.
Ainsi va ce pays, de building en sanctuaires, de Bouddha géant en camphrier crucifié d'élagage.
Le Bouddha domine, pose sur Kamakura sa sagesse un peu sévère.
L'arbre marque le point de départ pour monter vers lui, en quelque sorte.
La bouche d'ombre. Au bout, l'Éveil...
Avançons dans cette ombre et sois mon compagnon.
Dédicaces à l'envers, encadrés d'orange, par ordre d'apparition :
Jean-Yves MASSON, onzains de la nuit et du désir, CHEYNE éditeur
Pierre PERRIN, UNE MÈRE, Le cri retenu, Cherche-midi éditeurs.
Phrase d'épilogue : extraite de "Ce que dit la bouche d'ombre" Les contemplations, Victor Hugo.
Merci à ceux qui ont suivi ces carnets.