Je suis énorme de tout ce qui me manque
dans cette vie d’où seules les routes ne sont pas absentes.
Chaque seconde me dépouille de ce qui reste
Le peu qui reste
Le rien qui reste
Je suis un presqu’humain qui avance nu,
plus que mon sang et mes tripes sur la route.
J’avancerai quand même, avec mes pieds transparents et ma maigreur
mon silence en bandoulière
parce qu’il faut ne pas avoir faim pour crier.
Je ne suis pas, je me survis
Et porte en moi toutes les morts absorbées par l’océan
L’océan ne devrait jamais absorber toutes les morts
c’est pourtant ce qu’il fait,
l’océan nourri par les ogres.
Qui pèsera la mienne, de mort ?
Sur quel plateau de peseur d’or ?
La monnaie sera rien ou presque
L’exil éteint tout,
l’exil efface.
Rien n’importe,
Je ferai un mort léger, même vivant.