Les vagues s’accumulent, se pressent comme une foule, se piétinent, s’assomment, et viennent mourir en fruits éclatés sur un bord dont le sable gronde. La mer pressée de couleurs inconnues combat et hurle un chant déchiré de sanglots qui dévastent l’écume comme autant de coupures.
C’est une guerre, ici, le vent la conduit en flamberge, l’eau ondule et se débat, porte haut sa rage vers un ciel sans compassion dont le plat est comme une injure.
La mer dragon ocre et jaloux, affamé de défaites, avale tout et recrache, siffle et rote, dégueule ses galets, frappe à l’aveugle tout ce qui peut se frapper. Le vent l’aide, la porte, la déporte, dépose sur les lèvres du prudent marcheur avançant pied à pied une multitude d’aiguilles froides, une morsure de couteau.
La tempête seule parle à travers la terre et l’eau, lèche d’un rire fou les silhouettes courbées qui s’essayent à vivre quand même.
Au milieu de la dévastation, la brève survivance, l’arc-en-ciel.
Plus rien ne meurt, surtout pas la colère.