Le chant des multitudes
l’autre rive, brume
un jour terrible on crèvera le brouillard
tout peut attendre
le pire de l’obscur
la clarté folle
le doux ronron
petit chaos sur du vivant
depuis la face cachée
du vent
le vaste rot des profondeurs
tout remonte
ce qu’on a jeté dans le puits
les clés du monde
les failles de roches inconnues
l’ennui des premiers jours
l’aube froissée tuée de sommeil
la peau
les jambes entremêlées
faut-il rêver en exorcisme
ou tendre vers
il y a comme un faire semblant
qui rend l’âme coupante
et la cisèle
le soi-même, pâle statue
la beauté des scories
petites chutes fondatrices
où allez-vous après le saut ?
S’il faut rêver, rêvons.
Je me souviens d’un corps, d’une voix
quand tout le reste a passé
il faisait beau
sur nos baisers
un pont, un fleuve
jamais les deux ensemble
le regard ne porte pas assez loin
porte cochère, pluie
regard jeté sur un jardin clos en plein paris
Alors fleurit le brin de cour
tags, visages empierrés
ombres décalées
madones de trottoir
ponctuation des rues
clouées sur les portails
il y a une étrangeté dans le bruit d’un percolateur
on l’entend dans le mot même
percuté calculateur
dont le café brûle un peu
vivre c’est voir ça aussi
respirer la ville
la baiser sur les lèvres
en attendant un bus
l’amour viendra après, plus tard, toujours
c’est la nuit qu’on l’entend le plus
le chant pluriel
polyphonie bavarde
silences d’antiphonaires
veillent les chats et les lumières
plantés au milieu du sommeil
on joue au mort
les étoiles et nous tous pareils
le soleil dort.