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Nourredine Ben Bachir

Joëlle Pétillot : Le Bal des choses immobiles

Je voulais dire ici combien j'ai été ému de lire ce livre de Joëlle Pétillot paru aux éditions ALCYONE.
On attend tous qu'il y ait poésie dans le poème. La sincérité ne garantit pas toujours le résultat et nous avons à lutter contre nous-mêmes; toutes ces idées qui veulent faire du joli joli poétique, tous ces poncifs qui reviennent sans crier gare, sont autant de pièges.

Bien sûr il y a mille façons de faire entendre une voix, de toucher à l'universel que veut toute poésie, et pourtant tout n'est pas dans tout. Il y a parfois peu de poésie dans le poème. 

Alors quelle joie d'en trouver aussi concentrée dans ce recueil.
J'ai rarement lu des textes aussi précis, dépouillés de mots inutiles et non de force. Ils accueillent les choses du monde et les êtres, sans aucune hiérarchie. Ils atteignent ce but que fixe à la poésie Marielle Macé d'élargir le parlement des vivants : le fils du linge, la pierre, les baisers loups, le presque obscur d'un nuage, l'architecture éclatée de la vague, la scène vivante des gares. On y entend douleur et vie battante et une conscience aiguë de notre éphémère destinée. Et si l'on pense parfois à Cadou et Woolf, c'est d'abord à une écriture originale à laquelle on est convié. Elle dit "  Suspendue comme la robe à son fil du temps/Je ne sais pas ce qui me tient de ne plus me tenir/UN pied peut pleurer quand il porte un corps dont il ne veut pas/ le puits clapotant sous la terre où fleuriront nos impatiences/ le presqu'obscur d'un nuage passeur d'éclair".

Ces petites phrases, glanées comme des fruits dans le recueil, donnent une idée de l'unité d'atmosphère qui spécifie ces poèmes. Mais ceux-ci ont tous leur caractère singulier en prenant chacun un angle bien précis dans leur rencontre avec le monde. J'en ai prélevé de petits fragments car ils se font écho, mais chacun est profondément unique et doit se lire pour lui-même. La joie, au bout de ce chemin de lecture. Une plus grande conscience de soi et des autres. Plus que son sens , le poème vaut par ce qu'il nous fait.

Et ceux de Joëlle Pétillot sont donc à lire et à vivre. Merci de ce travail-là.

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