Que disent les serpents de ta tête, Méduse
sur le noir de pierre
de tes yeux
le sang de blessures anciennes
tapit ta bouche
grotte-cri toujours ouverte
Ils crachent l’air et le déchirent
Méduse au visage souffrant
la haine en toi que rien n’apaise
palpite
se tord
hurle à la terre
ce besoin fou d’empierrer l’âme
du vivant
Que disent les serpents de ta tête, Méduse
au guerrier devant son reflet
contemplant son propre visage
pour t’éviter
avant le cri
juste avant
qui tranche de sa lame froide
ton cou ployant ?
Pégase,
jailli de ta coupure
le ciel frappé de son sabot
des rivières plein sa crinière
avance
dans un long frisson sur les eaux
le chant des hommes à plein naseaux
et son galop sur la nuit fière
résonne
mais les cheveux de ta colère
rougis au sang du bleu chaos
le reflet mouvant, le métal
ton cri couronné de serpents
il n’oublie rien,
les porte aux flancs,
le cheval aux ailes nocturnes,
père des sources,
ton enfant…
Que disent les serpents de ta tête, Méduse
que sifflent-ils au bleu chaos ?
ta beauté
car tu étais belle
l’affront d’un dieu
le sang
la honte
ta tête dans une main
qui les tient
en pressant des doigts
poissés de ton sang de mortelle
fuit le blanc galop qui s’éteint
vers la lumière
puis
plus rien.