On vient là déposer les minutes, pour les reprendre un peu plus tard ?
Un si joli mot composé pour dire l'arrêt, les passagers qu'on crache, le coffre ouvert dans la foulée, cette chirurgie voiturière propre aux départs, on enlève un organe à poignée, un à roulette, un avec des anses, vite, vite, et les adieux, brefs comme des aboiements.
Il ne faut pas que la dure déchirure dure.
Alors on referme sans recoudre.
On repart.
Non ce ne sont pas les minutes qu'on dépose, c'est la fin d'un temps donné pour un autre, celui sans les précieux qu'on lâche, happés par les gueules de tous les possibles, la gare-chienne, le loup-terminal.
Comme les mots sont banals, dans ces séparations là, au-revoir, merci, bon voyage, bisous à x, dites quand vous êtes arrivés.
Se séparer est pauvre en vocabulaire. Sauf à lire Racine : "Dans un mois, dans un an, comment souffrirons nous, seigneur/ que tant de mers me séparent de vous..."
Mais les alexandrins, gare de Lyon...
Dépose minute.