La mer m'entraîne dans ses bras de vagues au creux de profondeurs ignorées d’elle-même.
Je suis tombé sans un cri, comme mes ailes. La chute était belle ; l’espace tient des villes, de hautes montagnes noyées de glaces, des ports ne sachant que le bleu.
De la cire amollie montait un parfum miellé venu d’une enfance que je n’ai pas eue.
Les nuages voyagent, marbres riants de transparence. Tombant droit comme une coupure j’ai croisé l’or du soleil et ses chevaux rapides, la pluie d’un presque hiver, l’aube et le crépuscule en un seul rayon, l’orage transmetteur d’impatience.
Brièveté qui m’aura donné à gaver mes yeux d’azur, ouvrir la bouche à vaste goulée pour avaler le froid de l’air et contenir la brûlure.
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Devenir salé. Je tombe et vois ma mort irisée sur des barres d’écume qui bientôt porteront mon nom. Survivance comme une autre, aimée des dieux.
Le tien, mon père, pour un labyrinthe. ..
Voir de si près la source du feu, pour une mort sans bûcher. Mon temps aura été trop court pour la guerre chère aux aèdes. Qu’importe ?
Le rêve d’envol s’est écrit d’abord en lente montée vers le ciel, immersion dans le ventre d’une promesse tenue. Ces ailes grossies de ta patience et de mes rêves, mon père.
Je sais tes pleurs, maintenant. Pardon.
Te désobéir, c’était marquer mon droit à l’incandescence.
Ne pas voler revient à compter l’espace. Il se doit d’être infini.
Je ne meurs pas, je m’ensommeille dans une gifle.