Bien sûr, l’enfance, les en-allés.
Bien sûr l’écho qui se décolore
Bien sûr le galop des aiguilles à coudre la pendule pour un temps de ravaude, veillons les déchirures, ourlons-les proprement.
Bien sûr la joie, l’enfant voulu, le ventre qui palpite, ne nous appartient plus.
Bien sûr le grenier dans la tête, sans escabeau.
La pluie sur la fenêtre, les marrons chauds en fond de poche, la neige verticale au silence bien droit.
La crème au café, Couperin qui tic-toc choque, bien sûr les rêves inaboutis ; mais ceux qui vous envoient une carte postale par jour et disent « Bien arrivés ».
Bien sûr la dorure du fugace, le jardin qui s’endort et parle dans son sommeil des mots de feuilles tombées, de virgules à plumes qui bondissent et disparaissent car une ombre, venue parmi les ombres, a la forme d’un chat. Aussi les branches tremblent-elles une seconde à grand bruit de gifle, et puis plus rien.
Bien sûr la brouette posée, celle du tour du monde, ce wagon poussée à mains nues par une mère-grand qui chante « En sortant de l’école, nous avons rencontré… ». Les absences-présences saupoudrées dans l’air, rires, regards, cris…
Bien sûr l’urgence.
Enfin, tendre, tête ennuagée, œil de lune, pieds au sol, tendre, grandir, chercher, demeurer, et retrouver toujours ce que je crains de perdre.