Je perds tout en ce moment.
L’inachèvement
bonde de l’intérieur
là dans ma main
Oh la rongeante aridité
la vie cascade
à partir des paumes trouées
stigmates d’où coulent les pierres unes à unes, qui ne serviront jamais.
l’envol douloureux de corbeaux, à la moindre photo trouvée.
les filets des pêcheurs d'Afrique, lancés à la lumière avec des grâces de danseur
légers de poissons endiamantés qui sautillent leur mort brève,
comme si sous la vague un jongleur s’amusait.
A peine quelques lignes à contre ciel, tête, épaule, pieds.
Toujours les marcheurs de sable avancent
couronnés d’aube
prêts à tout recommencer.
Je perds tout en ce moment
Clés portable gants bonnet sourire.
Les mots SDF passent à travers le filet
stériles
inhabités
sournois.
Pourtant
il faut les user pour écrire qu’on n’écrit pas.
c'est bien du plus profond que sourd cette coulure
tout ce qui est perdu ne se contente pas d’oubli.
Mais tout ce que je suis en train de perdre
me ressemble.