Matins-grains
aux ombres filantes
mille saisons, mille chemins
ce futur lourd qui m’enracine
trop de possibles et je choisis l’immobilité
le rêve ne console pas
d‘une vie embryonnaire
et provoque des regrets d’esquisse
devant un tableau
***
Sur ces routes noyées de poussière
les pas ne forment guère qu’un contour
le vent gomme plus fort que la paume
dit dans l’air que nul n’a marché
pourtant j’étais là dans le bal des grains
la voix de pierre du silence
dans la tempête
riait
***
le feu de la terre m’a forgée
deux yeux de luciole
une bouche pour l’amour et la faim
des mains d’ombre dispensant la peur
ou sèche-larmes, quelquefois
petits humains frères
je regarde
ma magie qui en vous respire fort
je vous regarde dans vos peaux de soie
vos prières, vos appels
je coule, m’immerge,
rivière des mille méandres
parmi vous déhanchée
noire de nuit
enfin navigable.