Tout péter
la peinture du vieillir
le bonjour au voisin
le merci à la dame
l’ordre des saisons
le tablier gras du quotidien
l’usure
tout péter le bord des choses
la peur du temps
pulvériser
au champ de mines le souvenir-rasoir la barbaque d’amertume
tout ce qui a saigné
les cris anciens
rauques comme ceux des pies
ceux des corbeaux
l’angoisse du rejet la blessure
l’hypersensiblité et ses wagons remplis
oh le charbon noir de ce train là
plein ras la gueule de souffrance inutile
qui bave sur le ballast
en en foutant partout
tout péter les codes
tous les codes
code couleurs
codes barres
code de la route sinueuse
tout péter ces jeux d’insincères
le mot « ami » devenu gouffre
devenu ravin
devenu néant
le pseudo des admirations les cocktails des gloriolés
la parade les pauvres rots d’influenceurs
tout péter ce qui m’attache en prétendant me relier
le temps qui crée l’ennui
la pluie qui dit la mort
la mer qui ment
la lune et son silence railleur
l’orgueil de verre
les nuits hantées
la maladie des aimés
la pile du pont
laissez passer la rivière
tout péter dans les cimetières
foutez la paix aux morts
ils sont partout sauf là
tout péter des enfances ratées
la fugue qui avorte
tout péter les étoiles
ces mortes dans un noir trop profond, vivantes d’un scintillement qui n’est même pas le leur
tout péter
à se briser les doigts
à briser l’envie
à me briser moi
et qu’on ne retrouve pas les morceaux
de ce corps enveloppe qui dupe
ce rire qui ne dit pas la vérité,
ou pas souvent, pas assez
Tout péter des quatre murs de la maison, sauf celui qui porte le lierre
que mon âme
enfin
pèse le poids d’une mésange.