Le ciel était si bleu qu’il paraissait mentir. Mais toi qui m’embrassais, que savais-tu du soleil ? Qu’ignorais-tu de nous ? Quelle vie celais-tu dessous tes yeux ouverts, dans ce sommeil des mots que l’on ne choisit pas ?
L’inconnu palpitait dans ce sourire tien ; un gouffre délicat, ouvert dans la douceur. Le chant-murmure du danger, le rire masque-gêne, un vertige ordinaire qui cogne sur la vitre.
Et toi, qui m’embrassais… Tu ne m’embrassais pas. Tout se passait dans l’air, dans les têtes bien sages, au cœur des mots cousus, des gestes enfermés. D’où venait ce moment où tout semblait si simple, limpide comme une eau roulant sur ses secrets ? Se taire ressemble à un aveu. Baisser les yeux fait dire, ou ressemble à un cri.
Qui dort ici, dans ce café banal, à cette heure tremblée où la raison avance, et le froid avec elle, et le ciel de traîne, vers quelle mariée ?
D’où vient la sensation, au milieu des voix et du percolateur, des klaxons aboyés étouffés par les vitres, que quelque chose arrive sans qu’absolument rien ne bouge à part en nous ?
Le règne du peut-être, suivi d’un « mais » informulé.
Peut-être, mais.
Le présent abêti a repris le pouvoir. Le trottoir foulé résonnait de la foule. Chacun dans ses silences a trimballé son mur.
Le ciel était si bleu…