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La nuit en couleurs

Station d'essence

Joëlle Pétillot #poésimages
Station d'essence

 

Station d’essence, sommeils amputés

chaque voiture sa silhouette

le chemin su par cœur

au point qu’on ne le voit pas

 

on roule

on ne roule plus

voitures morses, le long ruban

point, trait, point le lent écoulement

galop de chien après les ombres

dans les habitacles

des sauvages ployés

journalière soumission

les coffres remplis d’océan

pare-brise

criblé de gouttes

efface, laisse, efface

broyées par l’essuie-glace

qui ne compte jamais les morts

 

De quel désert sommes-nous les dunes ?

 

 

Ce serait ça ?

Joëlle Pétillot #poésimages
Ce serait ça ?

Ce serait ça, les rêves ?

Quelque chose devenu possible, clair ou non, pour une simple question d’heure, de moment.  Un siège surréaliste posé sur la noirceur des choses entre deux temps d’une musique d’absence et cette mémoire contraire que nous avons, notre mémoire de passant.

Un paysage peut se boire, un ciel s’avaler, une nuit se mordre, et se trouvera au-delà un matin, un autre, encore un. On n’en finira pas de cette horloge interne qui nous rend comptables étroits capables d’immensités quand même.

Parfois, les étoiles dentellières habitent l’ombre des collines, les bruits du vivant sabrent l’obscurité comme le silence. Il faudrait être saoul pour supporter certaine beauté des choses à certaines heures. On ne l’est pas encore assez.

Jamais.  

Le chant des multitudes

Joëlle Pétillot #poésimages
Le chant des multitudes

Le chant des multitudes

l’autre rive, brume

un jour terrible on crèvera le brouillard

tout peut attendre

le pire de l’obscur

la clarté folle

le doux ronron

petit chaos sur du vivant

depuis la face cachée

du vent

 

 

le vaste rot des profondeurs

tout remonte

ce qu’on a jeté dans le puits

les clés du monde

les failles de roches inconnues

l’ennui des premiers jours

l’aube froissée tuée de sommeil

la peau

les jambes entremêlées

 

faut-il rêver en exorcisme

ou tendre vers

il y a comme un faire semblant

qui rend l’âme coupante

et la cisèle

 

 

le soi-même, pâle statue

la beauté des scories

petites chutes fondatrices

où allez-vous après le saut ?

 

S’il faut rêver, rêvons.

 

Je me souviens d’un corps, d’une voix

quand tout le reste a passé

il faisait beau

sur nos baisers

 

un pont, un fleuve

jamais les deux ensemble

le regard ne porte pas assez loin

 

porte cochère,  pluie

regard jeté sur un jardin clos en plein paris

Alors fleurit le brin de cour

 

tags, visages empierrés

ombres décalées

madones de trottoir

ponctuation des rues

clouées sur les portails

 

il y a une étrangeté dans le bruit d’un percolateur

on l’entend dans le mot même

percuté calculateur

dont le café brûle un peu

vivre c’est voir ça aussi

 

respirer la ville

la baiser sur les lèvres

en attendant un bus

l’amour viendra après, plus tard, toujours

 

c’est la nuit qu’on l’entend le plus

le chant pluriel

polyphonie bavarde

silences d’antiphonaires

veillent les chats et les lumières

plantés au milieu du sommeil

on joue au mort

les étoiles et nous tous pareils

 

le soleil dort.

 

 

 

Chronique ta malle, Patrice Maltaverne

Patrice Maltaverne #Chroniques "Le bal des choses immobiles "
Chronique ta malle, Patrice Maltaverne
Publié par les Éditions Alcyone dans sa collection Surya, "Le bal des choses immobiles" (beau titre) est le premier recueil de poèmes édité de Joëlle Pétillot, après plusieurs romans parus par ailleurs.
 
Il s'agit d'un assez court recueil de poèmes en vers libres, ou plus rarement, de poèmes en prose.
 
Pour résumer ce livre, je dirai qu'il s'agit d'un livre de poésie aux arêtes vives, entre ombre et lumière, mais avec un très net appel à cette lumière (comme un appel du large), ce qui fait basculer ces poèmes du bon côté des choses.
 
C'est une poésie de l’extérieur, donc, mais aussi d'images, avec le sens du détail, ou de chaque chose prise au singulier, comme si la nature était un tableau décoré.
 
Plus sourdement, le passage du temps est évoqué, ce "bal des choses immobiles".
 
Extrait de "Le bal des choses immobiles", de Joëlle Pétillot :
 
"Traîne
 
Il y a fleuve au cœur des paumes
Et de petits automnes roux
Circonscrits
Au dos de la main
Des pas inconnus
Imprimés dans la boue
L'oiseau qui vole droit au bout de son cri
Le presqu'obscur
D'un nuage passeur d'éclair
Un orage de mariée
Tire sa traîne au bout du monde
Vient la pluie serrée
Les gouttes plantées dans l'air
Comme des clous."
 
Si vous souhaitez en savoir plus sur "Le bal des choses immobiles", de Joëlle Pétillot, qui est vendu au prix de 14 €, rendez-vous sur le site des éditions : http://www.editionsalcyone.fr/

Valérie Canat de Chizy, pour la revue VERSO, numéro de décembre 2019.

Valérie Canat de Chizy #Chroniques "Le bal des choses immobiles "
Valérie Canat de Chizy, pour la revue VERSO, numéro de décembre 2019.

Bruno Fortuner, un ami qui me veut du bien

Bruno Fortuner #Chroniques "Le bal des choses immobiles "

Je reviens d'un bal où j'ai dansé, dansé, dansé des nuits durant avec de beaux moments de grâce, des mots inattendus, d'anciens chants perdus de vues, avec la vie. C'est le bal à Jo-elle, rue des réminiscences. Allez y en son âme intérieure elle vous y attend, immobile.

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