Carambole ♪♫♪♫
Parais, que je te carambole
Que je te titille et te morde
Que je te parle en paraboles
Viens un peu là que l’on s’accorde
Ton mi et mon ré accolés
L’accord parfait en lit majeur
La demi-pause supposée
Sera décomptée au vainqueur
Viens là que je te chromatise
Mon pas mineur, ma croche aimée,
Rapproche toi ma gourmandise
Viens donc tanguer à ma portée
Crescendo vers le tout en bas
Sur ma partition déhanchée
Ô mon solfège en clé de fa
Ta muse Plantine attend là
Cri modulé hors tessiture
Plus près du sol est l’apogée
Epargne moi
l’appoggiature
Je me veux fugueuse hussardée
Et là… la lère, oh, banderille
Hop, allegro ma non troppo
Viens par-là que je t’émoustille
Ta muse t’attend sur le do.
Bonnes feuilles
Élever la main pour que l'univers se taise.
Soudain, le plus rien des mots accoisés. Juste leurs courbes sur du blanc, la valse d'encre sur un livre.
Quelque part, des voix. Sur l'écran, des voix. En soi, des voix.
Couper le choeur sifflant de ces ombres soudées par la peur et le besoin de faire savoir. Oui, oui, vous existez. Mais acceptez en la brièveté, oubliez moi.
Les pages tournées, seule musique. Le regard parle, l'absence sourit.
Je lis.
Chien de nuit
Un jour la bouche rendit un bruit de caillou. Les larmes avaient fui ailleurs, plus assez de force pour monter aux yeux. La main posée sur la poitrine ne recevait que du vide, rien ne battait. Sauf ces craquelures, les cendres mêlées à la terre, du sang dans les ravines, sur les herbes pâles, partout ailleurs que sous la peau.
Faire semblant, parler avec une voix en papier de verre, sombrer quand personne ne voyait. Celer les ténèbres, parer d’oripeaux une vie calcinée, un cri suivi de pleins d’autres, leurs échos sous les cheveux même dans le sommeil.
Quel sommeil ?
Un palimpseste qui remue.
De cette âme perfectible où l’enfance riait encore ne subsistaient que les ratures. Un point sans chaussures. Quelque chose en permanence vaguant dans les profondeurs. Rien à comprendre du brouillard. Sauf un parfum lourd d’équarrissage.
Le froid.
Il faut du temps pour apprendre le pas. Le tango du pardon ne s’acquiert pas tout de suite.
Ce chien de nuit est un renard.
Créons, crayons...
Je m’endors lorsque toi tu veilles
Drôle d’amour si loin venu
Qui fait de toi mon inconnue
Familier sourire d’écran
Viens t’en mon rêve, mon abeille
Si loin et de mon sang pourtant
Pour jouer à cloche-merveille
Avec le vent
Comment le dire dans ta langue
En notes bleues
Dis-moi, comment ?
Ce doit être doux à l’oreille
Et dentelé, et murmurant.
Ma métisse ô mon eurasienne
Ici c’est mes pinceaux qui parlent
La patience aussi, ma petite
Toi ma singulière pépite
Je t’attends.