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La nuit en couleurs

Rêve par rêve

Joëlle Pétillot #poésimages
Rêve par rêve

Rêve par rêve

Se taise enfin la terre sous le pied nu

La brûlure du regard blessé de rayons durs

L'orage écartelé

Quand on voudrait l'épure

L'ange hurleur

posé sur les seuils endormis

Les serpents de la peur aux charges des fusils

Se taisent enfin les mille morts des arbres

Dans ces forêts de sève-sang 

Où les troncs empilés verdissent pour l'honneur

Se taise la douleur des aimés

Qui fait de nous des sacs

Impropres à consoler

Se taise cette vie-là dévoratrice

Et que la paix

Brille dans la lenteur, au bout des doigts

Rêve par rêve

Qu'elle prenne dans les sentiers

Toute la place.

Lettre au jeune homme aux mots de verre

Joëlle Pétillot #Rudy

 

Les mots de verre font des brisures

Leur transparence donne à comprendre

Ne rend pas laide ta maison

Parfois ils tremblent dans ta bouche

Mais sans la remplir de boue

Jamais.

« Je souffre encore » dit le jeune homme aux mots de verre.

Mais quelque chose dans ses yeux se lit

Qui n’appartient pas à l’ombre

Les mots de verre se brisent aussi sur la jetée de la colère.

Plus de plage.

Le sable brûle.

Dans chaque fragment, les chiens hurlent.

Mais toujours, toujours reviennent

Sortant de lui comme des gosses

Trop longtemps enfermés

Un papillon de mer

Aux ailes bleu profond

Un sable de cristal

Les silences du monde, les musiques qu’il aime

Le papillon de mer

Est fait de tout cela

Et sort en battant large, traînant derrière lui

Une flopée d’anges rieurs

Libérés

Qui réparent les mots de verre

Au fil d’un chant de ciel.

Il dit :

"Laissez en paix ce cœur immense

D’où naissent seuls les chemins droits."

 

Peinture de Rudy Meskine.

Vienne la nuit

Joëlle Pétillot #poésimages
Vienne la nuit

Vienne la nuit et l’être qui tremble au milieu, s’il nous ressemble, doit lutter. Morbide volupté que le sommeil du monde, à ne pas y plonger, à relever du vertical, à piétiner les paupières closes avec un relief inquiétant.

Vienne la nuit et je répète ma mort, vienne la nuit et d’autres me manquent, vienne la nuit et j’ai peur du néant, vienne la nuit et je n’aurai pas assez d’elle pour haïr, ou aimer trop.

Vienne la nuit et quelqu’un entre dans ma peau avec les dents. Ce serpent nourri de mes lambeaux hurle avec ma voix ; l’enfant que je reste appelle dans le noir quelqu’un qui ne vient pas, jamais.

Vienne la nuit et le vent bascule, audible de ma maison fermée où les verrous ne protègent pas des monstres. Mon cerveau coasse et rampe parce qu’en dépit des lumières, l’obscurité veille et absorbe.

Le sang de la nuit bat à mes oreilles, se répand sur le sol, encombre l’âme avec une joie mauvaise, va gratter, fouiner, creuser pour faire remonter la boue, toutes les boues cachées dans le paraître du jour. Ainsi ne serait-on jamais.  L’humain-humus, de jour, paraît.

Ne pas rater les coutures de l’habit lumineux.

Bien rentrer dedans ce qui ronge : le verdâtre, la saumure.

Ainsi va le sang de la nuit, qui coule et pue.

Vienne la nuit et les ennemis se dressent, où que l’on soit. Le plus grand voyageur, le pire des déracinés, l’être qui danse, le nomade, trimbale toujours le pire des ancrages : lui-même. 

Vienne la nuit qui détricote le paradis au rasoir. Avec ce  bruit à l’intérieur, crissant murmure d’une page qu’on déchire, lourde de mots absents dans une langue qui dépasse.

Vienne la nuit et le miroir est difformant. Surtout, faire mieux que ne pas se regarder dedans : ne pas s’y voir. S’effacer, disparaître, tomber.

Trouver le bon puits, et sauter.

Pourtant…

Vienne la nuit et l’aube nous appartient comme une attente.

http://www.joelle-petillot-la-nuit-en-couleurs.com/2017/10/ce-nom.html

Joelle pétillot

Ce nom

Joëlle Pétillot #poésimages

 

Il y aurait un lac délivré des cris

les chants ne l’atteignent jamais

dont la profondeur est vertige

un lac froid sous la peau des hommes

une tourbe où les pas s’impriment

un lac dont la surface attire les reflets

l’oiseau traqué

la feuille endormie d’automne inscrivant sur les rives

l’incendie de sa mort

voilà que s’étend ce qui nous tombe des mains

tache sombre au plein front de l’ange

alors seulement

on peut tenir l’enfer pour inconnu

et prononcer ce nom

cousu sur nos lèvres

ce Nom

qui toujours se tait.

Borgne d'étoiles

Joëlle Pétillot #poésimages

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