Petite chronique des grandes hontes 6, et récente, vous pouvez pas savoir
Alors voilà.
Il ne faut jamais faire confiance en aveugle à la technologie.
D'ailleurs, j'en profite pour clamer ici avec vigueur que je hais la technologie, et encore plus fort le besoin qu'on en a.
Il se trouve que je connus sur un espace dévolu à l'écriture que je ne citerai pas pour ne pas gêner WeLoveWord quitté depuis (vont-ils survivre ? Oui) j'y connus, disais-je, une personne de qualité, avec laquelle j'entretins un lien affectueusement littéraire sur Facebook où nous nous retrouvâmes et poursuivîmes le lien susdit, dans la joie.
La complicité naissante comme le plaisir pris à lire ses écrits rendirent plus étroit ce lien dont je parle tout en le maintenant à un niveau de rassurante virtualité.
Un jour, nous nous aperçûmes d'une proximité géographique telle que ne pas se rencontrer relevait de l'absurde. Ni plus, ni moins.
Pour des raisons évidentes quand on est tant soit peu timide, ce qui est le cas de beaucoup de gens, nous avons mis un peu de temps à franchir le pas. Mais il fut franchi tout récemment à la grande satisfaction de chacune. Cet après -midi dans la vraie vie... fut une vraie douceur.
Au passage cette expression: la vraie vie... Pour peu qu'on ait le sens de la nuance, accorder sa valeur idoine au mot ami sur Facebook n'est pas difficile et beaucoup ont cette lucidité. Est-ce pour autant qu'à taper sur un clavier pour échanger, on échange dans une fausse vie ? A plus tard le débat.
Désolée, mais là, faut que j'exorcise.
Hier,or donc, à une heure tardive je prends connaissance d'un message privé sur FB, de la part de mon amie-de-WeLoveWord-et-de-FB-et-de-dans-la-vraie-vie-ou-en-tout-cas-ça-en-prend-le-chemin.
Elle me signale une coquille sur un texte et je veux l'en remercier.
MAIS.
- Il se trouve que c'est à une heure où mon bon vieux PC fait dodo, tous feux éteints. La flemme de le rallumer jointe au fait que j'ai pris connaissance du message sur FB via mon téléphone portable, font que je réponds comme cela s'impose : sur mon téléphone portable , en me servant du clavier, comme il sied à une mamie branchée ne reculant devant rien et qui maîtrise ces machins, flûte quoâ et meurde à la fin. Je tape donc un message de remerciements à l'oeil lynxesque de la dame.
TOUTEFOIS.
- Le clavier d'un smartphone est petit
-Après m'être aperçue que mon message comporte aussi des coquilles du fait que je me sers de ce putain de clavier à l'arrache, et l'estime de cette personne m'important, je décide (l'heure avance et j'ai sommeil) d'aviser le petit micro, de l'activer, et de dicter benoîtement mes excuses à l'appareil, lequel d'ordinaire s'exécute.
Je ne relis pas, et effleure d'un index de ballerine le "envoyer".
Teneur du message : "Toutes mes excuses pour les fautes de frappe aussi je tape toujours sur cet espace à tout berzingue. Bises et bon week-end".
Plus passe-partout, plus neutre, plus limpide, plus ordinaire et banal, on trépasse.
SEULEMENT VOILA.
Mon téléphone, sans doute pris de boisson ou presbyacousique a envoyé ceci :
outes mes excuses pour il faut de frappe aussi je t'aime toujours sur cet espace à tout berzingue. Bises et bon Week end.
Depuis, je suis sans nouvelles.
J'ai peur.
Extrait naturel, le retour. Illustration: Stéphanie Roche-Pétillot
Troude, (diminutif de Trouduc) chat d'Emma, vieille dame ex-solitaire dont l'amoureux le dérange, vit quelque chose de tout-à-fait nouveau. mais là, vraiment nouveau. Qoique vieux comme le monde. Chap
https://www.facebook.com/notes/jo%C3%ABlle-p%C3%A9tillot/extrait-naturel-le-retour/809297205757533
Desidero
Certaines souffrances sont telles qu'on a l'impression de les vivre depuis un ailleurs qui existe à peine. En différé. Drôle de blessure.
Lésion étrangère, en somme.
Certaines colères nous emportent si loin qu'on ne se ressemble plus. L'océan qui submerge alors fait pire que noyer : il efface. Il n'y a plus personne au bout de cette ligne là, sinon une ombre au trop plein dégueulé et qui se retourne comme un gant à force de cracher le mal, tout le mal : celui qu'on éprouve et celui qu'on fait.
Certaines obscurités sont plus amicales que d'autres. Qu'une étoile ou deux tremblotent sur la nuit, et le sourire qu'elles envoient depuis une mort ancienne suffit à nous faire oublier un instant la nôtre.
Desidero : en latin : désirer. Sidus, sideris: l'étoile.
Désirer, au sens étymologique: regretter les étoiles.
Oui, voilà bien ce qu'est le désir : la nostalgie de l'étoile.
Il y a de l'étoile en nous.
Alors, pourquoi cette laideur soudaine, dans le corps, le visage, la voix, pourquoi la brisure, oui, au nom de quelle folie ces tremblements et la brisure, la brisure de n'importe quoi, d'un vase, d'un verre, d'un être ?
Certains moments nous font passer de l'autre côté de nous-même, dans cet inconnu pourtant connu de notre finitude où viennent ricaner nos imperfections; celles-là même qui nous rotent à la gueule en se marrant un grand coup.
Pourtant, on repart. En boitant, en grattant l'écorchure, en chialant comme les perdus éperdus que nous sommes, faute de mieux.
Mais mieux, c'est où ?
Certaines solitudes sont écrites au rasoir. On cicatrise quand même, y compris et surtout quand on ne le voudrait pas. L'oubli de la blessure un jour... Peut-être pire que la plaie elle-même.
Le 22 septembre, Brassens. "Et c'est triste de n'être plus triste sans vous..."
Mais c'est bien aussi, de se trouver à nouveau heureux avec quelqu'un d'autre. Vivent tous les 23 septembre.
Car il en vient toujours un, non ?
Certaines tristesses ventousent l'âme y compris dans des fêtes où tout le monde sacrifie à l'obligation de se taper sur le bide. Ce sont des tristesses lâches, veules, non disposées à se nommer. Des tristesses anonymes. Les convives prennent alors des allures de patates trop cuites, ils se ressemblent tous, leurs traits sont brouillés et ne provoquent qu'une seule interrogation : "qu'est-ce que je fous là ? "
Une seule réponse s'impose trop souvent :
"Je ne sais pas ".
On aimerait être ailleurs, c'est tout.
Ailleurs ... près des étoiles ?
Désir. Desidero. Etoiles qui êtes en nous, parlez plus fort.
Votre silence, parfois, manque à nos cris.