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La nuit en couleurs

Fourmilière

Joëlle Pétillot

Les corbeaux

Joëlle Pétillot #Poésimages
Les corbeaux

 L’azur caisse de résonnance

pare au rebond des noirs oiseaux.

La chanson rauque

grignote la colline

coupe le silence de soie

en déchirures sonores.

 

Un crépuscule horticole

plante les étoiles pâles

sans alignement  

l'aléatoire sourit de ces semis rebelles

pas encore brillants

juste taillés aux corbeaux.

 

Le bonheur enroué

c'est le bonheur quand même

dira plus tard l’aurore

soignez-moi vite

ce mal de gorge du monde

 

mais il n’est pas de miel

assez puissant

pour guérir les corbeaux.

 

 

 

L'oiseleuse

Joëlle Pétillot #Poésimages
L'oiseleuse

La lune blanche parle à la nuit

une nuit belle comme le jour

l’oiseleur a mis l’ange en cage

alourdi d’inutile envol

 

Le porteur d’ailes mâche et remâche

la valeur déceptive

d'une langue pétrifiée.

En bas la pluie vernit les toits

avec une douceur d’avril.

La musique fredonne

dans le têtu des éclats.

 

Grêle d’eau, comptine grelot

ça sonne tendre, la douleur

qui pourtant dépose

sur les choses

son froid de couteau

et l’eau du ciel

sur la brûlure.

 

Peut-être est-ce une oiseleuse

suivant son chemin de proie

la cage au milieu de l'espace

pour qu’on le voie d’où qu’on regarde.


 

La nuit blanche parle à la lune

la lune belle comme la nuit

plurielle de ses secrets

enfouie sous les nuages peintres.

 

 

Tant de mots pour montrer qu’on se tait.

 

La touche étoile

Joëlle Pétillot #Réflexions-fêtes
Dessin de Ryko Marty.

Dessin de Ryko Marty.

Avec quelle aiguille écrit-on un livre d'heures ? La petite ou  la grande ? Prendre le temps de bien y réfléchir.

Faire le tri dans mes contacts, mais ne pas rayer le baiser : celui là, je l'aime vraiment.
Pour cela, appuyer sur la touche "deux".

S'offrir un désincarnet:  petit cahier précieux sur lequel ne figureraient que les non-dits.

Cesser d'être accroc. Me réparer, vite fait.

Ne pas tricher, être soi-même, oui, oui, et ainsi ne plus t'échapper, ne plus avoir un atome, un cil, une miette de ce corps, de cette âme, qui ne t'appartienne. Je veux en rêver, mais en rêver seulement. La transparence,  rien n'est plus trouble.

Penser à recoudre les trous du ciel. Ces nuages dépenaillés que chatouillent les antennes, ça fait désordre. Est-ce qu'on les traverse, ces trous, quand on meurt ? L'immortalité à ceux qui savent faire un ourlet ? Pas juste.
Bon, bon, d'accord. Apprendre à coudre, on ne sait jamais.
Sinon, presser la touche "bis" ?

Cruauté. Quand on met des fleurs coupées - donc arrachées à leur famille - dans un vase, on les recueille. Vertige de  fleur. Peut-être veulent-elles donner des nouvelles ? "Prête moi une feuille, c'est pour écrire..."

Tu pars, ton absence est plus lourde que toi.
Mets-la au régime : reviens.
Et puis, quand tu me manques trop, j'appuie sur la touche "entrée".

Défaire l'amour prend un temps fou,  le faire, par contre... surtout l'année du Lapin.

Changer le nom des couleurs: bleu véronèse, vert azur, jaune majorelle, gris vermillon.
Je rêve d'une nuit qui ne serait que lumière, qu'on ne pourrait pas appeler jour. Un demain suspendu, un sourire immense dans le noir éblouissant.

J'y suis.
J'ai appuyé sur la touche "étoile".


 

Au moins essayer

Joëlle Pétillot #Poésimages
Au moins essayer

Tes mots dans mes paroles

ton bleu dans mon azur

tes lignes dans ma main

ton air dans mes poumons

ton rêve dans ma nuit

ton sommeil sur ma veille

tes pas dans mes chaussures

 

tes pleurs sous mes paupières

tes ongles que je ronge

ta peau qui me démange

mon estomac rempli

lorsque tu manges

mes yeux noirs de tes cernes

tes dents dans mon sourire

tes ailes sur mon dos

mon âme dans ton corps

 

Convoquer l’amour dingue

sans mot d’excuse

 

Hermaphrodite

nos vies contre le temps

qui ne rend pas son sablier

 

 

Au moins,

essayer.

 

 

Je perds tout

Joëlle Pétillot #Poésimages
Je perds tout

Je perds tout en ce moment.

L’inachèvement

bonde de l’intérieur

là dans ma main

Oh la rongeante aridité

la vie cascade

à partir des paumes trouées

stigmates d’où coulent les pierres unes à unes, qui ne serviront jamais.

l’envol douloureux de corbeaux, à la moindre photo trouvée.

les filets des pêcheurs d'Afrique, lancés à la lumière avec des grâces de danseur

légers de poissons endiamantés qui sautillent leur mort brève,

comme si sous la vague un jongleur s’amusait.

 

A peine quelques lignes à contre ciel, tête, épaule, pieds.

Toujours les marcheurs de sable avancent

couronnés d’aube

prêts à tout recommencer.

 

Je perds tout en ce moment

Clés portable gants bonnet sourire.

Les mots SDF passent à travers le filet

stériles

inhabités

sournois.

Pourtant

il faut les user pour écrire qu’on n’écrit pas.

c'est bien du plus profond que sourd cette coulure

tout ce qui est perdu ne se contente pas d’oubli.

 

Mais tout ce que je suis en train de perdre

me ressemble.

 

 

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