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Fais passer
- Je suis là !
- J'envoie
- Fais passer !
- Je commence par...
- L'enfance, les douleurs, les souvenirs qui blessent...
- A l'eau !
- Non, je pars avec. Si je les laisse ici, je ne serai plus moi.
- Les cicatrices aussi ?
- Oui.
- Je suis là. Envoie !
- Faites bien attention, celle-ci est importante.
- D'amour ?
- Oui.
- Envoie !
- Hé, moi aussi, j'ai quelque chose.
- Je suis là. Envoie !
- C'est très lourd.
- Je suis là !
- J'envoie.
- C'est très lourd, en effet. Pourquoi ?
- Il n'y a rien dedans.
Couvercle-ciel
Couvercle-ciel
Sous les flaques
Gravée aux semelles
L’attente
Fait parler tout le corps
À l’envers.
Le chant des toits traversés de murmures
Ta main sûre
Paume refuge
L’eau de ton regard-source
Tu me faisais
Douceur d’attache
Une cour intérieure
Chaque fois que tu poses les yeux sur quelque chose de moi
J’accepte
Vogue vague
J’avance sans savoir, comme on vogue. Il bruine doux sur ma vacuité, et j’imagine qu’il pourrait suffire d’élever une main pour que le monde fasse silence, sans même un murmure de rivière, une brise feuillue, un pépiement. Mais il resterait les vivants, leur respiration ensemble, cette chorale sifflante soudée par la peur et le besoin de faire savoir. Si la terre n’oppose plus d’écho, à qui pourrions-nous dire « nous sommes là » ?
Une maison longée et voilà que l’averse habille une fenêtre en robe de gouttes. Le parapluie rougeoie mon ciel ; il est pourpre, la pluie le métallise en chute serrée que son arc déployé empêche de m’atteindre. Dans le fossé un escargot dépose des traces diamantées sur un chemin tortueux comme l’intérieur d’une noix. Plus haut, une toile écartelée : l’eau si dure au tissu caresse à peine, décore gratis pro deo la toile. Ces perles inestimables ne dureront pas.
Le fil d’araignée d’une vie compte des détours compliqués, et trop de proies.
Ou pas assez.
Ces pierres de lune sur la toile sont autant de clés des merveilles, abords minuscules d’un monde hors les mailles.
À portée d’inaccessible.
Bonnes feuilles
Élever la main pour que l'univers se taise.
Soudain, le plus rien des mots accoisés. Juste leurs courbes sur du blanc, la valse d'encre sur un livre.
Quelque part, des voix. Sur l'écran, des voix. En soi, des voix.
Couper le choeur sifflant de ces ombres soudées par la peur et le besoin de faire savoir. Oui, oui, vous existez. Mais acceptez en la brièveté, oubliez moi.
Les pages tournées, seule musique. Le regard parle, l'absence sourit.
Je lis.