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Chien de nuit
Un jour la bouche rendit un bruit de caillou. Les larmes avaient fui ailleurs, plus assez de force pour monter aux yeux. La main posée sur la poitrine ne recevait que du vide, rien ne battait. Sauf ces craquelures, les cendres mêlées à la terre, du sang dans les ravines, sur les herbes pâles, partout ailleurs que sous la peau.
Faire semblant, parler avec une voix en papier de verre, sombrer quand personne ne voyait. Celer les ténèbres, parer d’oripeaux une vie calcinée, un cri suivi de pleins d’autres, leurs échos sous les cheveux même dans le sommeil.
Quel sommeil ?
Un palimpseste qui remue.
De cette âme perfectible où l’enfance riait encore ne subsistaient que les ratures. Un point sans chaussures. Quelque chose en permanence vaguant dans les profondeurs. Rien à comprendre du brouillard. Sauf un parfum lourd d’équarrissage.
Le froid.
Il faut du temps pour apprendre le pas. Le tango du pardon ne s’acquiert pas tout de suite.
Ce chien de nuit est un renard.
Créons, crayons...
Je m’endors lorsque toi tu veilles
Drôle d’amour si loin venu
Qui fait de toi mon inconnue
Familier sourire d’écran
Viens t’en mon rêve, mon abeille
Si loin et de mon sang pourtant
Pour jouer à cloche-merveille
Avec le vent
Comment le dire dans ta langue
En notes bleues
Dis-moi, comment ?
Ce doit être doux à l’oreille
Et dentelé, et murmurant.
Ma métisse ô mon eurasienne
Ici c’est mes pinceaux qui parlent
La patience aussi, ma petite
Toi ma singulière pépite
Je t’attends.
Petite tête
Si tu pouvais
ne plus battre sur la vie douce
chercher ailleurs
Si
sonne comme une presque fin
de la gamme de la douleur
Éparpille
vite
fais de moi un lambeau
lapide
je suis prête à te donner la pierre
mais je sais
ce ne serait plus drôle
je sais
Tu vas la refuser.
Écorce vive
Sinueux le cri lent bégaye
Sa part d’amour inachevé
Au soleil bas les mots s’empourprent
La mer, le fleuve-temps,
La voix de toutes les rivières
Le décalque de nos vies brèves
Rien ne se tait
Jamais vraiment
Car il n’est de vrai silence
Que dans l’assourdi.
Champs de bruine
La fenêtre est tendue d'un fin rideau de pluie.
La voix laboure un champs de bruine
Tandis que sur mes lèvres
En brise-bise
S'impriment les dentelles de l'eau.