reflexions-fetes
Riquet à la houppe, oups .
Comme nous l'avons souligné il y a peu, les contes de fées sont équilibrants pour la gent enfantine.
Après avoir soumis à votre réflexion les cas de Blanche-neige, Cendrillon, petit Poucet et autre Peau d'âne, nous allons consacrer la présente conférence à un cas plus spécifique. En effet, le personnage-titre n'a rien du Prince habituel en ce type d'occurence, (à savoir doté de toutes les grâces) : je vous parle de Riquet-à-la-Houppe.
Reconnaissez qu'avec un blaze pareil, déjà, ça démarre mal.
Pourtant, vu sous un certain angle, le conte est trompeur : deux soeurs , l'une belle à tomber, mais avec l'intellect d'un poisson rouge; l'autre, physique plus ingrat, mais fascinant les messieurs par sa drôlerie, son intelligence percutante, et la finesse de son esprit.
Lisant ceci, toute femelle a un large sourire. Pour une fois, le canon bâille d'ennui faute de courtisans, et c'est la moche qui chavire tous les coeurs.
Youpi.
Evidemment, ça ne dure pas.
la Splendide a reçu le don de donner à l'homme qu'elle aimera la beauté qui lui manque.
Là, j'implore une pause.
Les fées. Oui, les fées : dans les contes du même nom, elles ont tous les pouvoirs;
- transformer les princes en crapaud,
- les grenouilles en pot de fleurs,
- les kangourous en statue de la liberté ...
Pas de limite.
Et là, pour une pauvre gamine qui n'en demande pas tant, le don de donner etc...
C'est tout ?
A part une cuite sévère, on voit mal ce qui peut pousser une porte-baguette à distribuer ce genre de sort.
Autre chose: le prince, né difforme et contrefait, mais plein d'esprit (comme la sœur de l'autre) a reçu, devinez quoi, le don de rendre spirituelle la femme dont il s'éprendra.
Autrement dit, il ne peut que tomber raide-dingue... d'une demeurée.
Et il est censé être intelligent... On frémit.
Pour tout arranger, le charmant nabot tient son nom d'une mèche grotesque posée à la verticale en haut de son front princier. Ce qui fait de lui un genre de brouillon de Tintin. Enfin, un tintin normal, quand même. J'entends par là un être sexué, sensible au charme féminin, et non scotché en tout lieu par un insupportable clébard philosophe.
Comme bien l'on pense, il se verra subjugué par une enveloppe vide aussi cultivée qu'une amibe, tout ça parce qu'elle affiche un bon 90-60-90 sous le vertugadin.
Fin joyeuse, comme disent les anglophones : chacun donnera à l'autre le petit plus qui lui fait défaut, et les deux convoleront dans la joie, tandis que la sœur dont l'esprit ne rutile plus, du coup, se terrera dans un lieu éloigné à l'indifférence générale, puisqu'elle est complètement tarte et que tout le monde s'en fout.
C'est moral, ça ?
Toujours les mêmes qui morflent.
Merci de votre attention. Nos prochaines conférences seront consacrées aux contes d'Andersen. On est prié d'apporter son prozac.
Conte de fée, conte d'effet (pervers)
Les contes de fées sont structurants pour le développement de la psyché enfantine.
Bien bien.
Nous allons donc procéder à une revue de détail. Commençons par Blanche-neige ♪♫♪, il faut bien commencer par quelqu'un.
Objet de la vindicte d'une marâtre narcissique, la pauvrette s'enfuit dans les bois, recueillie ensuite par sept pauvres choses hautes comme des pots de fleurs, coiffées de bonnets ridicules. Massacrée par Disney, ça nous donne une godiche à peine pubère qui fait le ménage en chantant pendant que ses potes mini-barbus partent vaquer à des tâches imprécises, en trouvant tout-à-fait naturel qu'elle se crève à ramasser leurs épluchures. A noter, les jours de lessive, les moineaux hyper-sympas portent chacun un coin de drap pour aller le poser sur le fil à linge, histoire de donner un coup de main.
C'est blindé de moineaux, chez moi : aucun jusqu'à maintenant ne m'a aidée à étendre mes torchons.
La belle au bois dormant ♪♫♪ : dort comme une enclume un siècle entier, ouvre les yeux grâce au bisou généreux d'un gommeux de passage. Premier acte conscient post-comateux : elle l'engueule, il a mis trop de temps à se pointer. Mais chérie, quand tu es tombée comme une bouse, à seize ans, après t'être piquée sur un fuseau (avec une aiguille, ça arrive; sur un fuseau dont la pointe est visible à vingt mètres... ?), oui, quand le sommeil t'a pris là, d'un coup, il n'était même pas né, ton promis. Une confidence de toi à moi : relis ta propre histoire par le délicieux Perrault : ton prétendu, le premier truc qu'il pense en te voyant, c'est que tu es sapée comme sa grand mère. Gaffe, quand même.
Au passage, Blanche-Neige,
Avoir le palot rédempteur ne fait pas du premier venu le compagnon du siècle, les filles.
Elles, elles croient que si.
Des buses, on vous dit.
Mais dans la famille des Princes Charmants, le plus gouleyant est quand même celui de Cendrillon. Cette dernière, grâce aux bons offices d'une marraine-fée, part au bal du Prince en belle robe longue brillante et tout. Et là, arrêtons-nous sur un détail majeur.
Cendrillon pour aller guincher plus à l'aise porte des pantoufles de vair. V-A-I-R.
Quart d'heure culturel: le vair était paraît-il à l'époque de Perrault le nom donné à un charmant petit rongeur.
Donc, pour aller séduire le prince, Cendrillon porte, sous sa belle robe longue brillante et tout, un genre de charentaise en fourrure. Plus glamour, on meurt.
Comme ça ne tient pas aux pieds, elle en perd une etc... etc... On ne va pas y revenir, chacun sait ce qui arrive.
Mais quand même : le prince, bien décidé à faire compliqué, harcèle pantoufle en main toutes les filles du pays ; voilà les pauvrettes qui n'en demandent pas tant obligée d'essayer une grolle hideuse et déjà portée. Soit disant pour retrouver celle qui blablabla.
Tout ça pour mater tranquillement les mollets des candidates. Bien sûr, à la fin Cendrillon épouse son fétichiste du pied, et elle est contente. Sans en vouloir une seconde à sa bonne marraine la fée, qui l'a laissée se crever vingt ans à laver les carreaux en robe misérable, sans se manifester.
Et quand enfin elle l'a fait, sa filleule a du speeder pour rentrer du bal avant minuit.
Et l'ogre du petit poucet ? Force de la nature, terrifiant, tellurique, puissant...mais doté d'un QI proche de celui d'un bulot. Il entre la nuit dans la chambre, touche les bonnets intervertis par le gamin futé avec les couronnes de ses filles, croit que ce sont les gamins, puisqu'il touche des bonnets, et égorge ses sept filles d'un coup d'un seul. Trop fort. Même pas pensé à prendre un peu de lumière. Ne serait-ce qu'une chandelle, c'est pourtant utile, des fois.
Je conclurais bien sur Peau d'Ane, mais une banale histoire d'inceste, franchement... Heureusement que l'origine de la fortune du roi son père n'était pas un hareng. Vous imaginez le titre, après ça ?
Bon, je dois y aller.
La prochaine intervention portera sur la série "Dr House".
Mi-graine
Voilà ce que je veux t'écrire depuis longtemps : « barre-toi. » Tu me pourris la vie depuis des années. Tu m'as gâché un nombre incommensurable de moments qui auraient pu - auraient du - être lyriques, ébouriffés, débordants...
Et je me suis retrouvée plaquée sur un plumard... mais pas du tout comme prévu ,
Là où j'imaginais, avec une gourmandise dissimulée à grand peine, une glissade à corps tressés sur fond de déshabillage fébrile, ne me restait plus que l'allongement geignard avec un marteau-piqueur, tu sais, celui que tu me vrilles dans les tempes en le maintenant bien serré, histoire que je respire à peine. Salope. C'est dit. J'ai longtemps prié Sainte Codéine, Sainte Aspirine, le Bienheureux Ibuprofène, Saint Triptan (celui là... il a marché un temps et puis nib, çà ou un bain de pieds...) Vais quand même pas leur dédier des chapelles. Ou alors, c'est les labos qui payent. Mais ils ont du mal, on le sait.
Je ne compte plus les heures d'écriture remises à plus tard parce qu'en croyant taper "il était une fois" ça donnait à la relecture : "om ryzoy i,r gpod"
Juste avant de vomir, bien sûr.
Amis de la poésie, bonsoir. J'ai failli mourir vingt fois en conduisant pour rentrer chez moi, après que tu te fus déclenchée, avec la sournoiserie qui t'est propre, au moment où je prenais le volant. A savoir : quand, évidemment, on ne dispose pas de flotte pour avaler un comprimé (ou deux) que de toute façon on ne possède plus, vu qu'on en a pulvérisé trois boîtes lors de la dernière crise. Chaque fois que j'entends mon docteur, homme hautement estimable au demeurant, (il est contrebassiste de jazz dans les moments que veulent bien lui laisser les vieilles dames du quartier qui sont toutes folles de lui ; un contrebassiste de jazz ne peut pas être foncièrement mauvais) chaque fois, donc, que dans son œil azuré une lueur de perplexité s'allume élégamment et qu'il me dit "je ne sais pas comment venir à bout de ces céphalées"... j'ai mal à la tête. Le nombre de livres que je n'ai pas pu lire du fait de ton sale sourire grinçant, immonde grognasse, remplirait deux cents fois la bibliothèque d'Alexandrie. Heureusement qu'elle a brûlé. Pourtant, ils doivent être moins nombreux que les films où j'ai du sortir de la salle rapport à la bande-son, probablement destinée à des sourds profonds, qui me mettaient les tempes en poudre et le foie au bord des lèvres. J'allais oublier : le statut de migraineuse est difficile. On passe dans le meilleur des cas pour des simulatrices ("pas ce soir"), au pire pour de grandes douillettes. Dangereux pour un couple, à moins d'épouser un migraineux ? En priant pour que les crises coïncident ; car si elles alternent, la vie sexuelle va être aussi exaltante qu'un après-midi au musée de la serrure. Pour peu qu'il pleuve... Oh, tu t'es un peu humanisée, avec le temps, je le reconnais. Il m'est arrivé de m'endormir avec toi, pas souvent, mais quand même. Seulement, tu m'aimes, tu m'aimes, et le lendemain, au premier soulèvement de paupière, qui vient me mettre sous le crâne des danseurs de claquettes chaussés de godillots cloutés et pesant trois cent kilos ? Je te hais. Je veux, j'exige que tu me lâches. Laisse-moi partir n'importe-où sans me demander si j'ai pris dans mon barda Sainte-Codéine-de-mon-derrière, Saint-Ibuprofène-à-la-noix. Et ne te pointe pas sous prétexte que je n'ai pas été polie. Si tu cours aussi vite que je t'emmerde, en partant à 14 h02, d'ici, sans te presser, à 14h06, tu arrives sur les hauts plateaux du Tibet. Comment ça "le dernier mot ? ". Je sais bien que tu l'auras, céphaléique vipère, boxeuse surdopée, radasse flapie. Mais ça m'a fait un bien fou de te dire droit dans ton absence de regard en forme de cachets, de ton absence de visage en gélules jaunes ou bleues, ce que je pense de ton absence d'humanité. Un bien fou, vraiment. La prochaine fois, je vais péter la gueule à l'insomnie.
Variations et petites cassures
Les draps froissés sont susceptibles.
Ils s'effacent en mille plis qui soulignent les ruptures.
Mais pourquoi dit-on "rompre avec..." quand on rompt toujours contre, ou loin de ?
Quoique.
Privez le de "avec", et le "rompre" devient martial, sonne du clairon, marche au pas.
Rompez les rangs !
Les rangs de quoi ? Vous en connaissez beaucoup, vous, des oignons à qui l'agronome dit "rompez !" avant de les sortir de terre ?
Non. Mais les oignons font pleurer. Comme les ruptures.
Et d'ailleurs, comment fait-on pour en finir avec la rupture ?
"Les gens" sont une entité vague, dont vous noterez que ceux qui les évoquent ne font jamais partie:
"Les gens sont cons, ils ne comprennent rien, bêlent, sont fous...".
Moi, ça va, merci. Je me sens intelligent(e), pige tout au quart de tour, j'existe à mort, bordel, et suis plus sensé(e) que la moyenne...
Alors qu'est-ce que je fous ici, à chialer parce que l'autre m'a dit que Machin(e) était mieux, et qu'aucun de mes rêves n'a vu le jour ?
Est-ce qu'un "je te quitte" prononcé assis nous met en rupture de banc ?
Si oui, dans quel square ?
Rompre à deux, est-ce co-rompre ? Quittons nous, je vous le dirai.
Encore que je n'en sache trop rien, je ne suis guère rompue à l'exercice.
Quand tout va bien, on ne le sait jamais. Qu'un obstacle arrive, et on s'alourdit de regret sur une vie dont on n'avait pas mesuré le prix.
L'oiseau de bonheur, qui le connaît ?
Entendu il y a peu : "moi, j'ai vite fait de repérer les faux amis".
T'as du bol, mec. Si tu savais le temps que ça m'a pris de reconnaître les vrais... Plus difficile qu'en grammaire anglaise.
Si tu as une paire de manche rangée quelque part, dis toi que c'en est une autre.
Change de tiroir.
La personne avec qui j'aime le plus à rompre, c'est moi. Des années de pratique, et toujours pas repérée comme amie, ni fausse, ni vraie.
Vais aller me coucher, tiens. Rejoindre mes draps lisses, bien repassés, mes draps jamais vexés m'accueillant sans faux-plis. Même pas des faux-plis urgents.
Demain sera le même jour.
Rompez.
Sacré job
Cher non-journal
Ce noir m'ennuie. Il est profond, sans âme, rongeant dans son infinitude. L'obsédant silence du rien, l'abyssal vertige du non-être, et moi au milieu comme un con.
Trop longtemps que cela dure. J'aimerais œuvrer, mais cet abîme en moi se prolonge dans une totale absence de concept. Je flotte ; je me voudrais dérive.
J'ignore; je me rêve agissant.
Je me vautre dans mon nulle part quand mon plus cher désir serait la fatigue, les yeux cernés, l'essoufflement.
Quelque chose, pourtant... Une brise, un souffle, un effleurement. Une fêlure dans ce vide où viennent sombrer tous les vertiges, auquel j'appartiens que je le veuille ou non.
Le Vouloir. La clé serait là ? Comment le savoir si je n'essaye pas un minimum... Gros effort, j'en conviens, après de nombreuses éternités de paresse. Bon, je me connais : si je commence, ma première pensée sera pour le bien-non-être que j'ai quitté, et je ne serai plus qu'un vaste remord impuissant.
Certes, mais j'en aurai fini avec la vacuité. Cette salope de vacuité. L'épanouissement doit naître d'une foule de choses possibles, mais en aucun cas de la vacuité. Bon, je me lance. Ténèbres, préparez-vous à mourir.
Et d'abord, je veux du bleu sur ce noir ; "bleu" me paraît un joli mot, qui caresse l'espace et le rend moins amer. Vouloir, oui, c'est ça ; je sens que le changement s'amorce, me voilà presque fébrile, pour un peu. Un "autre chose" frémit dans le silence, glisse sur l'obscurité, en fait une vague qui se rétracte, s'étend, zèbre le vide comme une couture.
Si je voulais donner un nom à cela aussi... "sourire" ? Oui, je prends.
Pas mal, "sourire".
Qu’est-ce que je m’amuse. J’aurais du commencer plus tôt.
Plus de limites : je veux du ciel sur le sourire, une vie que je puisse regarder. Des créatures de toutes sortes, ailées, ou pas, finaudes, végétales, instinctives ou abruties. Tout pour la distraction.
Et là, je tiens l’idée : la plus importante de toutes, je vais la faire à mon image : lambine, velléitaire, immature et prompte à l’ennui.
Le sourire bleu se nommera Terre. La Créature, Homme.
A partir de maintenant, tout convergera vers un beau et terrible ravage.