Absence de théorie et non pratique des choses
Parfois la peur de la vie son vertige de falaises la litanie des corps sous une pluie de draps leur tissu blanc de vagues l’écume et sa pâleur d’oiseau le chant rouillé des années sur nos gestes les cils paupières échouées dans le sommeil parfois la lune...
Il fait un temps de fer forgé, les grilles volutent dans le gris. L’horizon tailleur de pierres profile des toits gros d’heures plurielles, gonflées comme des duvets. Une saison habitée d’un vide sans vertige serre la colline, pourtant en grande toilette,...
Ce nœud infini qu’on regarde voyage silencieux d’amarres, entrelacs couleurs Ils disent le ressac chantent l’oscillation dans un blues rauque le cri des mouettes pleure et sourit sur les spirales aux allures de tripes nous ce nous de cordages conjugué...
Je regagne mon ombre. Étrange cette façon de créer un soi-même hors de soi. Un prolongement éteint s’il perd sa source ; car comment mettre au monde un moi d’ombre, sans lumière ? Je regagne mon ombre, et peut-être est-ce là le vrai nu. Voici que vient...
Ces cordes là ne se pleuvent pas. Je les ai regardées, puis dessinées. Voici un beau symbole de ce qui s'entremêle, se noue, s'enlace... Étouffe, peut-être. Il recelait de l'ironie, ce ciel incolore, car pas loin l'océan bougeait, plissant, gavé de vie...
Voilà (trop) longtemps que je vous laissai, vous tous, à l’abri des grandes hontes, gaffes, et autres bévues de votre servante, laquelle n’en n’est pourtant pas avare, si l’on en croit quelques amis dans le monde réel, mes enfants, petits-enfants, voire...
Tu es une voix perchée sur mon épaule cet oiseau qui pointille le figuier d’une branche à l’autre impressionniste qui s’ignore mais que je sais, moi… tu es ce rire reconnaissable puisqu’il survit dans le mien mémoire rasoir tu es ce surnom donné jumelle...
Il pleut de la nuit sur les choses. Le regard perd le toit, le clocher, le pont, l’eau claque en rafale d’éclairs, les lumières griffées ne déchirent rien, surtout pas l’obscurité d’un jour qui ne porte plus son nom. L’orage efface, strie, ricane ; plus...
Bien peu cher toi Je te tutoie, pourtant je déteste cela avec des inconnus. Mais il est des gens qui ne forcent pas le respect. Non pas que tutoyer soit irrespectueux en soi ; seulement, le « vous », pour toi, ne me semble pas de mise. Vois-tu, cela reviendrait...
Je suis le palmier d’Ulysse. Il y eut une envolée de tissu, de cheveux, de cris. Mes servantes ont fait claquer leurs voiles, nefs aux pieds délicats happées par le chemin. Me voici, seule verticale sur l’horizon de l’île. Tu marchais vers moi couronné...
Une des variantes du mythe d'Ulysse ; Circé lui donne un fils, qui plus tard, en abordant à Ithaque, alors qu'il pille l'île, tuera son père venu défendre le rivage. Il ne l'a, et pour cause, pas identifié. Les enfants sont ingrats. Circé je porte ton...
Dessin de Fred G. Fred G Je suis un amalgame d’où gicle la terreur, un monstre nu. Les cris de tous les morts par ma dévoration hantent les parois au noir du labyrinthe broyé de sang et d’os. Longtemps, les gardiens m’abreuvent et me nourrissent dans...
Que disent les serpents de ta tête, Méduse sur le noir de pierre de tes yeux le sang de blessures anciennes tapit ta bouche grotte-cri toujours ouverte Ils crachent l’air et le déchirent Méduse au visage souffrant la haine en toi que rien n’apaise palpite...
Je suis Pégase au nom porteur de source, celui dont le sabot connaît si peu le sol. Le père de tous les chants mon galop de cristal mes ailes en feu d’étoiles mon ventre de nuit tout en moi dit le sang de ma mère les pierres nées de ses yeux la lune comme...
La mer m'entraîne dans ses bras de vagues au creux de profondeurs ignorées d’elle-même. Je suis tombé sans un cri, comme mes ailes. La chute était belle ; l’espace tient des villes, de hautes montagnes noyées de glaces, des ports ne sachant que le bleu....
Qu’elle était belle, dressée au milieu du pré d’or droite et sombre ses pétales intrigants bleus de rayons l’oblique du soleil faisait d’elle un vase couleur du passage cri noir dans le silence brodé de vent. Les rires abolis de mes compagnes ont reculé,...
Mémoire canif râcle le rauque du passé brouillard d'oiseaux repasse le film dis viens on se fait une toile émeri Chagrin gibier têtu impossible d'avoir sa peau même debout portant ne reste plus qu'à flotter un égoïsme pâle dans une forêt où aucun arbre...
Ouessant. Un pays de guetteur avec de la fierté dans les roches plurielles les ombres y sont blanches d’écume les regards de l’eau appuyés un rapace tout oiseau qui a faim le devient cercle son vol de chasseur tu es loin déchireur de nuées je marche fourmi...
Plus de désert que d’océan plus de boue que de rivière plus de chaos que d’harmonie plus de chagrin que de sourire plus d’agitation que de paix plus de bruit que de musique plus d’ombre que de clarté plus de froid que de douceur plus d’épines que de pétales...
Tardive, comme les vendanges. Comme une saison, une période de gel, une maladie infantile contractée adulte. Ce mot accolé à « enfant » m’a longtemps accompagnée. J’ai déjà écrit, dans une lettre à mes aînés, tout le bien que je leur dois, puisqu’ils...
C'était il y a... longtemps. Enfin, pas tant, j'avais une petite vingtaine. Ah, ah. Rivoli, pas loin de Concorde. Je traverse la foule, ou je la suis: difficile à dire tant le flot est mouvant. On m'attend, mon pas sonne en silence sous les arcades vénérables...
Permettez que je vous court-métrage... L'enfant rêveur regardait la fenêtre la journée d'école le traversait. Il se dit que la seule maîtresse qu'il aimerait serait celle capable de dessiner une ombre au tableau. ------------- « Assez » dit la palette...
Myrrha, naissance d'Adonis, esquisse de Nicolas Poussin. Si des dieux existent, ouverts aux aveux, j'ai bien mérité le dernier supplice et je ne le refuse pas ; mais je veux éviter de souiller les vivants, en restant en vie, et les défunts, en mourant....
Je suis dans un appartement occupé il y a des décennies, lors d'une autre vie. Tout est resté intact, je sens sous mes pieds le contact de la moquette verte, je vois la toile de jute au mur, la fenêtre en rotonde. Il fait nuit noire, mais ça ne me gêne...
Quel Nom traverse au loin les pierres ? Entre le bord hurlant et l’imprononcé des prières, la fragilité d’un seuil. Entre les haillons du paraître et l’aube des âmes nues dans leur dépouillement, un appel sous les arches parées de résonances. Entre la...