Top articles
-
Tête de bois
Quand le passé fait sa tête de bois et reste là sans bouger timidité de la lumière elle entre à pas de louve franchit la douve des années les jours traînent marelle et ronde des pas sans résonnance mais présents mais là et bien là joli chant de poussière...
-
Minotaure
Dessin de Fred G. Fred G Je suis un amalgame d’où gicle la terreur, un monstre nu. Les cris de tous les morts par ma dévoration hantent les parois au noir du labyrinthe broyé de sang et d’os. Longtemps, les gardiens m’abreuvent et me nourrissent dans...
-
La rame
Dans les wagons serrés on dit aussi « la rame » peut-être parce que c’est marin la rame remonte l’océan des distances aux coquillages étranges d’où nul n’entend jamais la mer sur la barre métallique s’enroulent les douleurs la buée des doigts les rêves...
-
L'endormeur
Ses yeux : gros de métal et de nocivité. Ondulant, il trace autour de ce qu’il veut ternir des cercles resserrés. Il ne siffle pas, mais pose sur toutes choses un silence obtus, guetteur de la pire espèce ; celle qui a le temps. Il se plaît à effacer...
-
Pégase
Je suis Pégase au nom porteur de source, celui dont le sabot connaît si peu le sol. Le père de tous les chants mon galop de cristal mes ailes en feu d’étoiles mon ventre de nuit tout en moi dit le sang de ma mère les pierres nées de ses yeux la lune comme...
-
Soror
Croquis de mon père, Loÿs PÉTILLOT, de ma soeur âgée d'une quinzaine d'années. Quinze ans, la grâce. Elle est perdue dans sa lecture, dans ses rêves, peut-être. Une enfance toujours là, mais prête à se pointiller, bondir dans les possibles, passer d'une...
-
L'orage ou l'océan
Parfois la peur de la vie son vertige de falaises la litanie des corps sous une pluie de draps leur tissu blanc de vagues l’écume et sa pâleur d’oiseau le chant rouillé des années sur nos gestes les cils paupières échouées dans le sommeil parfois la lune...
-
Debout portant
Mémoire canif râcle le rauque du passé brouillard d'oiseaux repasse le film dis viens on se fait une toile émeri Chagrin gibier têtu impossible d'avoir sa peau même debout portant ne reste plus qu'à flotter un égoïsme pâle dans une forêt où aucun arbre...
-
Guetteur d'azur
Ouessant. Un pays de guetteur avec de la fierté dans les roches plurielles les ombres y sont blanches d’écume les regards de l’eau appuyés un rapace tout oiseau qui a faim le devient cercle son vol de chasseur tu es loin déchireur de nuées je marche fourmi...
-
Plus de...
Plus de désert que d’océan plus de boue que de rivière plus de chaos que d’harmonie plus de chagrin que de sourire plus d’agitation que de paix plus de bruit que de musique plus d’ombre que de clarté plus de froid que de douceur plus d’épines que de pétales...
-
Myrrha
Myrrha, naissance d'Adonis, esquisse de Nicolas Poussin. Si des dieux existent, ouverts aux aveux, j'ai bien mérité le dernier supplice et je ne le refuse pas ; mais je veux éviter de souiller les vivants, en restant en vie, et les défunts, en mourant....
-
Tardive
Tardive, comme les vendanges. Comme une saison, une période de gel, une maladie infantile contractée adulte. Ce mot accolé à « enfant » m’a longtemps accompagnée. J’ai déjà écrit, dans une lettre à mes aînés, tout le bien que je leur dois, puisqu’ils...
-
Sillons, rides et parchemins ♪♫♪
C'était il y a... longtemps. Enfin, pas tant, j'avais une petite vingtaine. Ah, ah. Rivoli, pas loin de Concorde. Je traverse la foule, ou je la suis: difficile à dire tant le flot est mouvant. On m'attend, mon pas sonne en silence sous les arcades vénérables...
-
Petite chronique des grandes hontes - 9- PABLO...
Je suis dans un appartement occupé il y a des décennies, lors d'une autre vie. Tout est resté intact, je sens sous mes pieds le contact de la moquette verte, je vois la toile de jute au mur, la fenêtre en rotonde. Il fait nuit noire, mais ça ne me gêne...
-
Les âmes nues
Quel Nom traverse au loin les pierres ? Entre le bord hurlant et l’imprononcé des prières, la fragilité d’un seuil. Entre les haillons du paraître et l’aube des âmes nues dans leur dépouillement, un appel sous les arches parées de résonances. Entre la...
-
Les jours différents des autres, 4
Je t'ai laissé couché dans la paille, après un tour à l'estaminet. Suite, donc, de ton quotidien de soldat, en 1939, dans une campagne morne. Tu ne sais pas encore que les barbelés t'encercleront, peu de temps après, pour te voler l'enfance de tes deux...
-
Saint Quay Portrieux, rue de la fontaine.
J'appartiens à un pays qui restera toujours dans mes veines, mes artères, mes muscles et mes os. Un endroit où la mer, comme toutes les mers du monde, ne se ressemble jamais. Où les saisons se donnent rendez-vous en une heure. J'appartiens à l'odeur si...
-
Anges et listes (Agendadoux)
< Q ue dire aux anges ? Ils passent, et n'écoutent jamais. Pas moyen d'en placer une. Sans doute pour ça que chacun se tait. L e temps file. Les bas aussi. Réparer ? Pas question : ni horloge, ni talon. Que des erreurs d'aiguillage. L e fil du rasoir...
-
Blanc votre visage, d'après un portrait peint par Denise LOUIN
Blancs sont les mots gisants dans vos lèvres fermées. Blanc le tissu qu’on devine léger à la pulpe des doigts, comme vos contours émergeant de l’obscur en un demi-sourire hurlant l’immensité de vos secrets. La douceur met vos mystères dans la clarté des...
-
Vienne la nuit
V ienne la nuit et l’être qui tremble au milieu, s’il nous ressemble, doit lutter. Morbide volupté que le sommeil du monde, à ne pas y plonger, à relever du vertical, à piétiner les paupières closes avec un relief inquiétant. Vienne la nuit et je répète...
-
Obéissants désordres
La folie, c'est comme le café : meilleur en grains. Penser à planter ces grains là sur des terres d'ailleurs, des déserts fertiles, des rivières affolées auxquelles rien ne résiste, surtout pas les raisonnables. Ceux là, gardons nous en. Ils ne savent...
-
Dessous chiqués
Chacun sait que les dessous affolent : la dentelle nacrée sur une chair rose, la noire dont les méandres savants révèlent la blancheur , les bretelles souples et satinées glissant avec tant de grâce sur une épaule offerte; tout attire la lèvre gourmande,...
-
Petite chronique des grandes hontes 5 : redoutons les 3 suisses.
Certains jours, il y a complot. On ne discipline rien: ni ses gestes, ni les évènements, ni les gens: tout nous échappe, désobéit, se dérobe, se dépoile pour ne plus laisser que l'os à ronger de ce qui aurait du se passer. Aurait pu. Si seulement... Le...
-
Banque, banque. Petite chronique des grandes hontes, 4, hélas.
Les banques constituent des lieux glacials où officient des robots. Pourtant, il arrive qu'on s'y rende en sifflotant. Ce jour là... Ce jour là, au chaud dans ma bonne vieille voiture rouge, j'avais mis à profit la pause-déjeûner pour me rendre dans le...
-
Les cailloux des rivages
Les cailloux des rivages dessinent une ombre dans l'eau. Un palais de mosaïque, poème en prose minérale, et la musique de la terre crie tout autour ; celle-là même qu'on ignore, la musique des berceaux. Les arbres meurent à peine, ils y mettent le temps....